Peut-on aller toujours bien ?
Il est mal vu dans notre société de répondre « non » si on vous demande si ça va. L’avez-vous remarqué ? Simplement, parce que cette question est devenu automatique, et de ce fait, n’attend aucune réponse. Oser dire, « non, je ne me sens pas bien aujourd’hui » implique que l’autre fasse l’effort de s’arrêter, de vous demander ce qui ne va pas, voire de se sentir obligé de compatir. Je discutais dernièrement avec un médecin qui me disait qu’il rencontrait cette problématique dans son cabinet, alors qu’une personne qui consulte n’y va pas pour passer le temps, mais parce que quelque chose cloche. Seulement, nous sommes conditionnés à ne pas parler de nos malheurs, donc le praticien va se retrouver face à un patient qui parfois va même repartir sans avoir tout dit.
Dramatique, non ? Pourquoi n’arrivons-nous plus à écouter les autres ?
Certes, nous continuons à croiser ceux qui vont se plaindre pour un rien, ceux qui auront dix fois la grippe en un an, cinquante bronchites, mais les autres, ceux qui ne disent rien, pourquoi ne pas les écouter ? Les entendre peut parfois s’avérer aussi salvateur qu’un médicament, parce que le contact humain prime sur une molécule chimique. Alors oui, personne ne peut toujours aller bien. Alors oui, certains matins, on se réveille et tout semble gris. Peut-être effectivement en parler ne servirait à rien, mais si cela dure, oser répondre « non, ça ne va pas ! » me semble primordial.
Ceux qui comme moi ont une maladie auto-immune savent qu’il y a des jours sans. Avant, je les taisais, prenant tout sur moi. Aujourd’hui, je le dis simplement parce que formuler ce ralentissement ou cette fatigue permet de s’autoriser soi-même à souffler.
Ces baisses de forme ne durant plus aussi longtemps qu’au début de la maladie, je les assume pleinement, pour repartir deux jours plus tard avec une énergie renouvelée.
Quant à ceux qui subissent des baisses de moral ou d’énergie, ne gardez plus ces émotions pour vous. Il fait tristounet dehors, vous avez le droit de ne pas avoir le moral, vous avez raté quelque chose, normal d’être déprimé, vous vivez une date décisive de votre passé, la mélancolie est un passage obligé.
On ne peut pas toujours aller bien, mais par contre on ne doit pas s’enfoncer dans un puits sans fin. Toujours se dire, toujours dire : « Aujourd’hui, cela ne va pas. Je le dis, mais demain ça ira mieux ! »
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