Tu dis qu’il n’y a pas de mots.
Aujourd’hui, nous nous sommes vues. Tu étais bien, enfin, ce « bien » est presque un anachronisme, puisque dans ta tête Hier rencontre Demain. Je tenais juste ta main, si fragile, qui n’arrive plus à serrer, et qui pourtant ne cesse de se crisper, plongeant avec appréhension mes yeux dans l’océan des tiens. Tu étais »bien », un sourire enfantin sur ton visage, heureuse de me voir, une sorte d’arc-en-ciel qui nous reliait avec au centre cette petite lumière qui me montrait que tu étais là, encore, brièvement, mais bien là. J’aurais aimé stopper le temps juste pour conserver cet instant, pour t’écouter parler encore un peu. Seulement ta maladie ne t’y autorise pas. En plein milieu de cette phrase qui faisait briller de mille paillettes tes yeux, tu t’es figée, immobilisée, les yeux regardant un point dans cet infini où je n’avais pas la clé. Tu m’as juste dit, il n’y a pas de mots, je n’ai plus les mots. Tu as montré ta souffrance de ne pouvoir voir ces pensées s’échapper, sur ton visage attristé la peur se lisait. Tu étais bien, et pourtant je n’ai pas pu apaiser tes angoisses ni tout ce qui s’entrechoquaient dans ta tête, je n’ai même pas pu te dire à quel point je t’aimais, car déjà tu ne m’écoutais plus. Tu étais retournée dans cette île déserte qui n’existe sur aucune carte, cet endroit où un jour tu te perdras, ce lieu où je finirais par ne plus pouvoir t’atteindre. Ne laisse pas ce vieux robinet fermé, laisse encore la vie s’écouler. N’oublie pas, je ne sais pas bien nager, alors je t’en prie maman, ne m’emmène pas dans cette eau glacée, car malgré tout mon amour, je pourrais m’y noyer.
poignant de vérité!
Dernière publication sur le radeau du radotage : Ecriture du matin
Très beau et tellement vrai
Touchant. Reel