Quand on est timide depuis l’enfance, pas facile de ne pas avoir honte de parler en public. On sent ses joues devenir brûlantes, ses jambes flageoler. Et pourtant, si on se pose vraiment la question, que peut-il nous arriver ? Que des imbéciles se mettent à ricaner ? Que l’on se retrouve à bafouiller ?
C’est très complexe à gérer. Personnellement, je suis extrêmement vigilante avec mes élèves, favorisant des moments privilégiés où chacun peut s’exprimer sans être regardé bizarrement ou même jugé.
Manque de confiance en soi ? Certainement ! Seulement, ce n’est pas parce qu’on le sait que l’on peut facilement casser cette idée, surtout enfant. Les belles théories psychologiques, c’est une chose, mais la réalité une autre. Dernièrement, un élève est tombé dans la cour salissant tout son pantalon. Presque liquéfié, on avait l’impression qu’il disparaissait sous cette honte, celle de devoir montrer une image qui pouvait laisser aller à penser qu’il s’était fait pipi dessus. Immédiatement de retour en classe, j’ai rebondi sur cette chute, laissant chacun imaginer avec humour comment cette situation aurait pu se produire dans d’autres circonstances. D’un fait qui aurait pu s’avérer traumatisant, nous en avons fait un jeu théâtral.
Nous sommes tous, adultes, enfants, responsables de la honte ressentie par certains.
Honte d’être mauvais en maths, honte d’être trop gros, honte d’être d’une couleur différente … nous ne devons pas laisser cette honte prendre de l’emprise sur ce que nous sommes. Nous avons tous un souvenir de cette honte, parfois simplement liée à un mot, un seul, violent. Comme j’en ai souvent parlé sur ce blog, je suis hyper gourmande. C’est mon défaut, je ne résiste pas au sucre ce qui me vaut quelques rondeurs. Je ne m’en étais jamais préoccupée, toujours souriante, contente, dérangeante peut-être, jusqu’au jour, il y a neuf ans, où une personne m’a informée qu’un bon ami à moi me dénigrait à cause de mes formes.
Je me suis sentie terriblement honteuse, car je tenais beaucoup à cette personne, espérant que « l’autre » se trompait. Il n’en fut rien ! Notre relation amicale s’est stoppée les jours suivants. Pour information, je n’étais pas obèse, juste « grassouillette » et je le suis toujours ! Il m’a fallu des mois pour que ces mots s’effacent. Un mot, un seul, et j’avais perdu confiance, car perdre un ami pour des kilos en trop, cela signifiait que je ne valais pas grand chose à côté.
Heureusement, j’ai eu la chance d’avoir des personnes qui m’aimaient vraiment, qui me voyaient avec mes qualités et mes défauts, mais qui ne me jugeaient pas. Je me suis donc reconstruite autour de cette honte, la jetant dans un feu de joie, pour aujourd’hui rire d’elle.
Au fond, elle ne fut pas si inutile ! Elle m’a permis d’être beaucoup plus réceptive face à ceux qui flirtent avec la honte et de m’éloigner des personnes nocives, ces personnes qui portent des masques, qui font semblant de vous aimer ou de vous apprécier, qui jugent sur l’apparence. Faisons la guerre à la honte, car elle n’est qu’une arme de fumée maniée par des personnes souvent bien malheureuses pour pousser les autres à se détruire !
Comme je le dis à mes élèves, une personne sincère n’est pas là pour « mettre la honte », mais pour offrir la chaleur de ses mots. Et que l’on se rassure, aujourd’hui, j’assume mes formes en n’ayant surtout pas renoncer à ma gourmandise, car c’est ça, croquer la vie !
