( 26 mars, 2019 )

Violence gratuite, pourquoi ?

 

Comment une société a-t-elle pu en quelques décennies basculer ainsi dans la violence ? Je me souviens d’un temps, celui de mon enfance où la violence n’existait que pour « les méchants », ceux qui commettaient de vrais crimes, ceux qui commençaient à frapper dans les cités. Inutile de vous dire que nous n’avions pas l’autorisation, ma soeur et moi, de franchir « la ligne rouge ». J’ai traversé ma scolarité dans des classes calmes pourtant bondées, avec parfois à partir du collège, un ou deux énergumènes un peu plus agités que les autres. Mais personne n’osait répondre au professeur, personne n’aurait mis en doute la parole d’un enseignant. Quand je vois un des faits divers déclamer qu’un enseignant s’est pendu à cause de la rumeur de ses collègues, du peu de soutien de sa hiérarchie, et de la haine des parents, j’ai juste envie de dire : mais où va-t-on ? Personne n’a-t-il donc compris qu’un enseignant qui tombe sous le coup des rumeurs emporte toute une profession avec lui ? Les parents, aujourd’hui, victimes des médias s’en donnent à coeur joie dans la délation, soutenus par tous ceux qui sont avides de ragots et de cancans.

Je pleure sur cet enseignant qui n’a pas trouvé d’autres issues que de se donner la mort. Face à l’engrenage judiciaire, face à une hiérarchie, une direction qui l’a laissé tomber, lui, qui pourtant n’avait que de bons rapports, qui était aimé des élèves, s’est retrouvé face à un mur. J’imagine que désabusé, épuisé par ce boulot qui use jusqu’à la moelle, il a préféré disparaître. Honte à ces parents, à ces collègues qui lui ont tourné le dos, à ceux-là même qui ont propagé les rumeurs.

C’est terrible des rumeurs dans le milieu scolaire. Les gens sont si bêtes qu’ils vont se servir de faits déformés, transformés, qui datent parfois de plusieurs années.

J’ai connu cette époque où l’enseignant était respecté, où l’enfant venait avec ses parents à une convocation et prenait une raclée au retour. J’ai connu ce temps où enseigner était un privilège, où les parents applaudissaient notre travail. Aujourd’hui, on trouve dans notre profession, qui reste pour moi une des plus belles du monde, trop de professionnels désabusés conscients que quoiqu’ils fassent, ils ne seront pas respectés pire serviront de boucs émissaires à une société en dérive.

Que l’on se rassure, dès que la loi Blanquer sera votée, tous les enseignants seront muselés avec interdiction de parler. Jules Ferry et sa grande idée d’école libre doit sacrément se retourner dans sa tombe !

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2 Commentaires à “ Violence gratuite, pourquoi ? ” »

  1. Elisabeth LEROY dit :

    Bonsoir Sylvie, c’est le monde à l’envers, les coupables se posent en victimes. Je suis vraiment triste quand je pense à notre enfance où l’on n’osait pas bouger de sa chaise en classe et où le seul élève qui se faisait remarquer par son indiscipline était pointé du doigt. Je te souhaite bon courage et je sais que beaucoup d’enseignants souffrent. Bises.

  2. Jenny dit :

    J’ai eu récemment la sous-directrice du collège de Meg (qui a dégainé son portable au CDI) et j’ai été choquée d’entendre « Bah au moins vous êtes de notre côté car pour certains parents c’est souvent la faute du collège » ! Le devenir de l’école en France me fait très peur.

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