( 24 avril, 2019 )

Où va notre bonne vieille école ?

L’école s’écroule doucement, sans faire le moindre bruit. Quelques grèves parsemées, bien peu, normal, qui voudrait perdre une journée de salaire sachant que tout est joué d’avance. On va même jusqu’à prendre un fil noir et coudre les bouches. Les enseignants n’ont plus le droit de se plaindre, plus le droit de donner leur avis, plus le droit même de pointer du doigt les failles. L’éducation nationale veut formater de bons petits soldats prêts à supporter les insultes, l’agressivité constante des familles et des enfants, le mépris général de la population face à cette profession de « planqués ».

Société dégoulinante d’envie regorgeant de familles qui ne sont même pas capables de tenir tranquille leurs bambins. Comme je l’ai toujours dit tout au long de ma carrière, parents jaloux de nos vacances scolaires, venez prendre une semaine nos classes et vous verrez dans quel état vous serez en fin de semaine ! Accepteriez-vous de passer vos week-ends à corriger des copies, à faire vos préparations, à remplir des livrets ? Combien d’enseignants, particulièrement débutants, peuvent se gargariser de faire la fête le samedi soir ? De partir deux jours en amoureux ? Enseigner est chronophage !

Et voilà qu’en prime se profilent de nouvelles lois qui vont augmenter le poids de cet enseignement. Je pleure sur cette bonne vieille école de la république qui est en train de disparaître juste pour une question de gros sous. J’adore enseigner ! C’est un véritable plaisir ! Mais j’y ai laissé ma santé. Parce que nous ne sommes pas des robots, juste des humains. L’éducation nationale veut des enseignants parfaits, sans faille, des machines à éduquer. À trop vouloir, on tire sur la corde et elle casse. On parle du suicide des policiers, on cache le suicide des enseignants. Et je ne parle même pas des dépressions que l’on préfère nommer « surchauffe intellectuelle », cela fait plus politiquement correct !

Peu importe au final le contenu de cette nouvelle réforme ( j’en ai vu tellement dans ma carrière), ce que je note simplement, c’est qu’on a perdu en qualité ! Des classes surchargées dont tout le monde se moque, des instituts de formation qui ont disparu, des formations pédagogiques qui n’en ont que le nom etc Ah, je me souviens de ces stages de formation où nous laissions un mois notre classe pour qu’une jeune recrue apprenne en plongeant dans la marmite, stages où nous apprenions vraiment quelque chose d’utile ! Ah je me souviens de ces sorties que nous pouvions faire hors des cent kilomètres réglementaires aujourd’hui où les élèves découvraient l’Histoire « en vrai ». Je me souviens de ces classes à vingt élèves où le travail individualisé était roi. Je me souviens de ces classes de découverte où chaque jour était un jour de fête !

C’était hier …

Aujourd’hui le tableau noir est remplacé dans de nombreuses écoles par un TBI (tableau blanc interactif), grand modernisme que tout le monde applaudit, mais inutilisable car aucun réseau Internet dans les classes et surtout aucune formation ! Une dinosaure comme moi qui galère déjà à créer une simple adresse mail, on peut imaginer le casse-tête du spectre de la disparition du tableau noir.

Alors même si les craies vont disparaître, tout comme les plumiers autrefois, je prie pour que ne disparaisse pas totalement l’esprit de l’école de Jules Ferry …

 

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1 Commentaire à “ Où va notre bonne vieille école ? ” »

  1. Claude Colson dit :

    Eh oui, on a bradé un trésor par démagogie égalitariste, d’un égalitarisme mal compris, dont l’effet est d’aligner tous sur les plus faibles.L’ascenseur social est à présent quasiment mort dans notre ex-belle école de la république, inconsciemment (j’espère, mais je commence à douter ?) détruite..

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