Ces bébés enseignants …
J’ai toujours autant de plaisir à lire sur Instagram la joie des futurs enseignants qui viennent d’être reçus au concours ! Il en manque tellement de ces profs motivés que cela me réjouit de voir cette passion qui brille dans leurs mots. Cela me ramène plus de vingt-sept ans en arrière ! Je me souviens de ces milliers de papillons qui ont illuminé mes yeux lorsque j’ai lu sur les listings de l’IUFM mon nom. À cette époque, l’informatique n’en était qu’à ses prémices, il fallait se déplacer et surtout chercher son nom parmi des centaines d’autres. Je me rappelle mon coeur qui tambourinait dans ma poitrine, la sueur qui coulait, cette boule à la gorge qui me serrait jusqu’à cet instant magique, celui où je l’ai trouvé : « J’étais admise ». J’ai pleuré comme un bébé puis je n’avais qu’une envie, hurler au monde entier que j’avais réussi mon défi : devenir maîtresse d’école !
Il m’en a fallu du courage ! Ce n’était pas gagné avec trois enfants à charge pendant que je préparais le concours, mais j’avais l’impression d’être poussée par une force. Je savais au fond de moi que ce métier était fait pour moi et à trente-trois ans, je suis devenue professeur des écoles. Des regrets, je n’en ai aucun. J’ai certainement fait un des plus beaux métiers du monde. Je l’ai aimé ce boulot jusqu’à parfois m’y perdre. J’en ai donné des heures de bénévolat à l’éducation nationale, j’en ai réalisé des défis.
J’ai aussi rencontré des moments bien difficiles, des élèves compliqués, des situations tordues, mais au final, je reste cette femme qui un jour est allée le coeur battant lire ses résultats.
J’aime à le dire, je ne suis pas une grande mathématicienne, ni une politicienne, je ne suis qu’une petite instit, mais j’ai durant toute ma carrière cru dans l’humain, en chaque enfant.
Au bout de plus de vingt-cinq ans de bons et loyaux services, je pars discrètement en septembre sur la pointe des pieds. Il faut savoir quitter la scène avant de s’écrouler. Ce ne fut pas un choix facile de partir avant l’âge légal de la retraite, car j’aime toujours autant, peut-être même plus, enseigner, mais depuis cinq ans, je suis diminuée par une maladie auto-immune qui s’active régulièrement avec le stress, et dans une classe, le no stress est impossible alors j’ai préféré ne pas devenir un boulet pour ces jeunes générations. Je suis donc heureuse de voir tant d’enthousiasme chez tous ces jeunes admis qui vont prendre la relève et je leur souhaite une aussi belle carrière que la mienne !
Je leur glisserai juste un petit conseil : préservez-vous, apprenez à gérer votre stress, car ce n’est pas un job facile. Bonne chance à tous !
Je m’associe aux vœux, comme aux conseils!
Merci de les exprimer aussi brillamment.
Dernière publication sur le radeau du radotage : KYRIE