( 2 octobre, 2019 )

Mourir pour son travail.

Le burn out est partout …

Elle était directrice. Elle s’est donnée la mort dans le hall de son école. Pas de bol pour elle, la mort de Chirac a complètement occulté son acte. La hiérarchie a demandé à chacun de ses enseignants de ne pas ébruiter cette affaire, le droit de réserve oblige.

Je n’ai jamais été aussi heureuse de ne plus être enseignante.

Elle s’est donnée la mort pour faire entendre sa voix, parce que c’était une militante, parce que les gens ne veulent pas voir l’autre côté du miroir, celui où rien ne va, celui où on demande toujours plus, celui où surtout si on a des problèmes, on nous rétorque juste «  pas de vagues » ! En vingt-sept ans de service, j’ai vu aussi ce milieu se dégrader. On a ouvert la porte aux parents, ils ont enfoncé les murs se croyant tout permis. Il y a ceux que l’on ne verra jamais dans une école pour se renseigner sur les résultats de leur enfant mais qui vont aller porter plainte si un manteau est perdu, ceux qui appartiennent à une génération où l’école ne passait pas bien et qui vont reporter toutes leurs frustrations sur les enseignants, ceux qui sont incapables de tenir leur petit chéri et qui n’hésiteront pas à aller mettre une claque à l’enseignant si ce dernier a eu une punition. Et je ne parlerai même pas de tous ceux qui vont s’en prendre directement à un enseignant parce qu’ils n’aiment pas son look, sa couleur de cheveux et j’en passe. Je pense avoir tout vu durant toutes ces années à enseigner, tout entendu, et tout comme cette directrice, j’ai sauté de programmes en réformes, de changement constant de méthodes de travail parce que la nouvelle était imposée et soit disant meilleure que la précédente, une affaire de nouveaux manuels à éditer, de contrats avec certains éditeurs, bref le côté sombre de l’inconnu. J’y ai perdu la santé, mais je n’aurais jamais été jusqu’à mourir pour une cause, peut-être trop faible ou trop égoïste, je suis juste partie avant de me faire totalement démolir.

J’ai beaucoup de respect pour cette personne qui par son geste a voulu sauver les générations futures d’enseignants, et pourtant, je reste sceptique. Ce monde est pire qu’une secte. Rien ne doit filtrer, tout est toujours étouffé et on trouvera toujours des boucs émissaires pour donner une raison plausible à l’impensable.

En tous les cas, je peux vous le dire, je n’ai jamais été aussi bien que depuis que j’ai quitté ce grand navire ! Alors ne ratez pas le teeming, ne vous tuez pas pour faire entendre votre voix, car preuve en est, pas une seule chaîne n’en a parlé ! Cela me fait rager que cette femme soit morte pour rien …

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1 Commentaire à “ Mourir pour son travail. ” »

  1. 010446g dit :

    Je la salue bien bas.
    Pas sûr qu’elle soit morte pour rien, même si on n’a pas immédiatement donné à l’affaire une grande diffusion.

    Dernière publication sur le radeau du radotage : KYRIE

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