S’occuper des autres.
Aujourd’hui. Je vais vous parler de ma grand-mère paternelle, une sainte femme comme il n’en existe plus. Tout le monde l’appelait « mémé », aussi bien ses voisins, que le boucher ou le boulanger. Elle était « la grand-mère » du centre ville, toujours un sourire aux lèvres, toujours un mot gentil. Elle s’était dévouée à sa famille mettant ses propres désirs de côté. Combien de fois l’ai-je entendu dire qu’elle aurait rêvé d’être infirmière. Au lieu de cela, elle s’est occupée de sa mère qui est décédée à 98 ans, de sa soeur, de son beau-frère, de son mari dix ans en mode légumes. Et je ne l’ai jamais vu se plaindre ni cesser de sourire, sauf peut-être le jour où mon père est parti. Peu importe l’âge, un parent ne devrait jamais survivre à un enfant. Il n’y a pire douleur.
Elle s’est envolée à 93 ans, en un claquement de doigt. Elle faisait sa vaisselle du matin. Elle s’est occupée des autres toute sa vie et je me demande souvent : qui s’est vraiment occupé d’elle ?
N’avez-vous pas remarqué que personne ne prend jamais soin de celui qui s’occupe des autres ?
Bien sûr, la religion nous a appris avec son « aimez-vous les uns les autres » à s’occuper de ceux que l’on aime, mais curieusement c’est souvent à sens unique.
J’ai tendance, tout comme ma grand-mère à beaucoup donner, sans rien attendre et cet été une personne m’a fait gentiment remarquer que j’avais peut-être le syndrome du sauveur. Je ne m’étais jamais posé la question, mais effectivement j’attire les personnes dépressives, avec des problèmes, avec des addictions, et je souffre avec elles, désirant de toute mon âme les voir retrouver le sourire ( mon association, mes ami-e-s, ma famille ). J’en ai parlé le mois dernier à ma thérapeute qui m’a rassurée. Le syndrome du sauveur consiste à aider l’autre parce que l’on a besoin de sa reconnaissance et je n’ai nul besoin de cette dernière, puisque je donne sans rien attendre en retour. Selon elle, je fais partie des cas rares de nos jours, comme l’était ma grand-mère, des personnes sur qui on peut compter, qui ne se défilent pas à la première bourrasque, qui peuvent rester sans nouvelles de ses amis sans imaginer être abandonnés. Mais contrairement à ma grand-mère, je ne vais pas me sacrifier pour les autres. Je connais aussi bien mes besoins, je sais prendre soin de moi, et je connais mes limites. Quand je ne me sens plus capable, je m’éloigne autant pour mon bien que pour celui de l’autre.
Mes amis le savent, les vrais, ceux qui n’enchaînent pas les autres, ceux qui ne les mettent pas en cage. On a tous besoin à un moment de souffler juste pour pouvoir mieux rebondir ensuite.
S’occuper des autres est un véritable bonheur si c’est fait avec légèreté et surtout à condition de ne surtout pas s’oublier !
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