Publier sous pseudo
Voilà une question récurrente sur les groupes d’auteurs : pseudo ou pas pseudo, telle est la question ! Certains hurlent à l’imposture si vous osez dire que vous publiez sous pseudo, d’autres applaudissent. Une fois encore, je vais jouer en neutralité totale l’avocat du Diable.
La première raison pour publier un livre sous pseudo est le désir de conserver l’anonymat. Prenons l’exemple de Tartanpion qui est un monsieur extrêmement connu, célèbre, politique, et qui a le verbe facile. Il décide de publier un thriller. On peut imaginer l’impact si le livre sort sous son vrai nom. Le rapprochement, certainement illusoire, entre réalité et fiction. Le pseudo va donc inéluctablement lui garantir la paix, peut-être moins de popularité, mais un confort de vie.
Dernièrement, une personne travaillant dans une édition de renom avec qui j’ai eu un excellent contact m’expliquait que le pseudo était utile pour dissocier les genres.
Beaucoup de lecteurs vont cataloguer l’auteure sous un genre précis, et c’est très agaçant pour un auteur. Ainsi un auteur de thrillers qui va publier une romance a tout intérêt à le faire sous pseudo pour donner une vraie force au livre.
Récemment, on l’a vu avec Bussi qui a réédité un ancien roman « La dernière licorne » publié sous pseudo. Il n’avait pas voulu faire un mélange entre ses romans qui étaient au top de ses ventes et ce thriller-fantastique d’un genre différent.
De nombreux écrivains célèbres ont opté pour des pseudonymes à un moment de leur vie pour ce citer que Marguerite Yourcenar, pseudonyme de Marguerite Cleenewerck de Crayencour ou Michel Houellebecq, pseudonyme de Michel Thomas.
Il n’empêche que lors de la signature d’un contrat, l’auteur doit révéler à l’éditeur son véritable nom. Un auteur m’affirmait dernièrement que ce n’était pas une obligation. J’ai un peu enquêté sur le contenu juridique, et il semblerait que pour toucher des droits d’auteur, l’auteur ne puisse rester anonyme vis à vis de sa maison d’édition.
Par contre il pourra exiger la publication sous pseudo et dans ce cas, l’éditeur sera dans l’obligation de respecter ce droit. On peut voir que ce complexe anonymat peut engendrer des problèmes lors de séances de dédicaces. Qui va signer les livres ? L’auteur sous pseudo ? Dans ce cas, il ne sera plus anonyme !
Sujet donc très intéressant ! Choisir un pseudo, c’est vivre tranquille. Il est bon de rappeler que nous vivons à l’époque d’Internet et des réseaux sociaux où « une personne » peut facilement se faire « fusiller » si elle a déplu à un groupe ou à une maison d’édition. De ce fait, sortir un nouveau manuscrit autrement va permettre à ce même auteur de retirer l’étiquette négative parfois difficile à supporter.
C’est certain qu’à l’inverse, la mini-notoriété d’un roman qui a plu imposera à l’auteur de conserver « le nom » du premier ouvrage pour continuer l’engouement des ventes.
Au-delà de ces considérations, il est bon de rappeler que certains éditeurs imposent un pseudo. Une auteure de jeunesse-Fantasy s’est vu dans l’obligation de prendre un pseudo lors de la signature d’un contrat pour une série érotique. Deux genres opposés, avec des lecteurs d’un âge différent imposaient cette clause spécifique.
Jusqu’à maintenant, je n’ai jamais publié sous pseudo, utilisant mon patronyme parce que je voulais préserver mon travail. En pré-retraite, je peux de nouveau m’ouvrir sur une certaine liberté, sur des genres que je n’aurais jamais osé toucher. Alors l’idée du pseudo s’impose à moi. Je m’aperçois que je suis « connue » (même si le mot est un peu exagéré) par le biais de mes polars-couleur et souvent, je me demande comment serait accueilli un livre sous pseudo. Je trouve cette idée extrêmement tentante et riche. Une bonne analyse sociologique de l’impact d’un nom que l’on a déjà vu ou lu pour un lecteur.
En conclusion, selon moi, peu importe si on écrit sous pseudo ou pas. L’important est d’être fier de ses écrits ! Mais la tranquillité a aussi un prix, alors pourquoi pas ?
moi, j’ai pris en pseudo car mon nom est long et moche. Mais je n’hésite pas à le donner au besoin et j’en ris….Claudine LONG-BOUVIER