Le cycle menstruel est toujours tabou même au vingt et unième siècle. Les femmes en parlent entre elles, mais comme la majorité des médecins sont des hommes, certaines angoisses sont tues.
Une thyroïde défaillante peut interagir sur le cycle en particulier les règles qui peuvent changer. En hypothyroïdie, on peut se trouver avec des règles plus abondantes et plus fréquentes. Pour parler plus crûment, cela peut-être un enfer au quotidien avec des règles hémorragiques comportant des caillots ce qui peut faire peur à la personne malade. Certains malades rapportent même une impossibilité à travailler car « cela coule sans s’arrêter ». Bien sûr, il peut y avoir des fibromes ou un utérus fibromateux, mais il peut également simplement s’agir de la thyroïde qui est déréglée.
À l’inverse, en cas d’hyperthyroïdie, les règles peuvent diminuer en quantité et en fréquence. On peut même assister à des phénomènes de ménopause précoce, très jeune.
Certains articles dénoncent également un changement de la thyroïde durant les règles : « En période prémenstruelle, certaines femmes constatent une petite augmentation de leur cou. Exactement comme d’autres sentent leurs seins ou leur ventre gonfler avant les règles. Pourquoi ? Parce que la montée des oestrogènes au cours du cycle entraîne une hypervascularisation de la glande due à sa stimulation. Ce qui se traduit par un léger gonflement. »
Alors pour ne pas jouer la politique de l’autruche, les fameuses « ragnagnas »sont déjà une vraie plaie pour le commun des mortels, et on peut imaginer avec une hyperthyroïdie. La personne sera sur les nerfs, déprimée, avec des symptômes prémenstruels dix fois plus grands. On peut aisément comprendre la difficulté de l’entourage, les conflits avec les collègues.
La thyroïde va parfois moins bien fonctionner à la ménopause. Pourquoi ?
Autour de la cinquantaine, beaucoup de femmes vont avoir ponctuellement
une hypothyroïdie. Ce trouble peut être lié à un vieillissement prématuré de la glande, sans doute lié à la diminution des hormones féminines.
C’est la même chose pour la grossesse qui est une période clé de la vie d’une femme. Elle peut alors ressentir de nombreux troubles thyroïdiens. La mère, fatiguée par une grossesse, peut passer en hyper ou en hypo. Cet état est souvent passager, et au bout de quelques mois, l’organisme va fonctionner correctement. Dans certains cas, un traitement n’est pas nécessairement utile. Il arrive parfois qu’une hyperthyroïdie se déclare en début de grossesse et qu’une hypothyroïdie survienne quelques mois après l’accouchement (6 % des grossesses). Puis le corps se stabilise de lui-même.
« Pour la première partie de la grossesse, le foetus dépend des hormones thyroïdiennes de sa mère. Ce qui fait qu’il y a souvent une augmentation du volume de la glande thyroïde. On dit que les romains faisaient le diagnostic de grossesse en voyant le cou des femmes augmenter de volume. »
« La suite de la grossesse est un moment très important :
D’une part pour le foetus où à l’heure actuelle, on détecte systématiquement au bout du 3e jour de la vie, une hypothyroïdie congénitale, qui touche une grossesse sur 3 500 à peu près, qui était mal diagnostiquée avant, avec des conséquences sévères et irréversibles pour le mental, et le physique. Elle est maintenant diagnostiquée systématiquement dans nos pays, avec mise en route immédiate du traitement ; L’année qui suit l’accouchement est une année difficile pour la mère, parce que 3 à 4 % des femmes même sans antécédent thyroïdien, peuvent souffrir d’une thyroïdie du post-partum, une sorte d’inflammation non douloureuse de la thyroïde, qui a une phase d’hyperthyroïdie, durant 2-3 mois puis une phase d’hypothyroïdie. Dans l’immense majorité des cas, tout s’arrange vers la fin de la première année, mais on passe souvent à côté du diagnostic car la fatigue est un symptôme qu’on met sur le compte des biberons de la nuit, ou d’une dépression. Il faut penser à faire les dosages hormonaux, et prescrire le traitement adéquat. Par ailleurs ces femmes qui ont souffert d’une thyroïdie du post-partum, doivent être surveillée régulièrement car elles ont tendance à faire une authentique et définitive hypothyroïdie plus tard dans leur existence. » ( article de 2007)
Et les fausses couches ? Cela existe et certaines peuvent être imputables à cette glande qui fonctionne mal. Ce n’est heureusement pas une généralité, donc inutile de trop s’inquiéter. On sait juste que la grossesse favorise une demande en hormones thyroïdiennes et il est donc important que le gynécologue vérifie mensuellement le taux de TSH. Ce n’est pas toujours le cas alors ne pas hésiter à insister et à demander cette analyse. Une grossesse ira à son terme sans souci avec une TSH autour de 2.
Les problèmes de thyroïde peuvent-ils compromettre la fertilité ?
Les statistiques sont rudes, 2,8% des femmes en hyperthyroïdie ont un problème de fertilité et pourtant, ce n’est pas systématiquement contrôlé. Je connais des personnes qui se sont retrouvées avec une étiquette « stérilité » alors qu’au final, la personne avait une TSH frisant les plafonds danger.
En hypo, ce n’est guère mieux. Comme nous l’avons vu plus haut, on peut assister à des perturbations des règles (diminution du volume et de la durée, saignements importants, absence de règles), voire même dans certains cas à une absence d’ovulation.
« Et même après un traitement substitutif, le nombre d’ovules, les taux de fertilisation, l’implantation, la grossesse et les taux de naissances vivantes semblent être réduits par rapport à des femmes ayant un fonctionnement normal de la thyroïde. »
Malheureusement, on le comprend, les symptômes de ces « débuts » de dysfonctionnement passent souvent inaperçus et ont le temps de bien pourrir la vie des malades. Alors pensons un peu plus à notre thyroïde et une fois encore, si une reconnaissance existait, peut-être que les femmes oseraient parler ouvertement de leurs craintes.
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