( 15 janvier, 2020 )

Que devient l’école d’aujourd’hui ?

Je ne suis plus vraiment concernée par cette profession qui reste pour moi un des plus beaux métiers du monde, et pourtant, son essence est là et je m’interroge sur cette colère palpable des enseignants, de mes anciens collègues, colère qui ne peut qu’être défavorable aux enfants, mais qui est légitime.

Enseignants privilégiés vont me dire certains. Combien de fois ai-je entendu cette phrase formulée dans ma carrière par des personnes qui n’avaient jamais mis les pieds dans une classe en dehors des réunions. Combien de fois j’ai eu envie de taper du poing en disant que les zones sensibles de banlieue ne peuvent être comparées à certains coins paisibles de province.

C’est comme pour la réforme des retraites où on met tout le monde dans le même panier sans se soucier des différences.

Pour l’école, le gouvernement a fait des réformes nouvelles en ciblant les ZEP et les REP, oubliant souvent les autres écoles d’une même ville qui auraient besoin de cette même équité. Il ne faut pas se leurrer, le dédoublement en CP et en CE1 c’est top, mais cela devrait être généralisé à tous les élèves comme dans les pays nordiques.

La grogne des enseignants est doublement légitime et il devrait y avoir une véritable prise de conscience.

Sans un bon système éducatif, la jeunesse va droit dans le mur.

Enseignants en colère, il faut tous se réveiller, en particulier les parents ! L’école n’est pas une simple garderie.

Peut-être faudrait-il cesser de passer de réforme en réforme, de programmes en programmes, tous plus inutiles les uns que les autres, favoriser l’envie chez de jeunes enseignants qui aujourd’hui sont totalement démotivés par la violence, des parents agressifs et procéduriers, une lassitude.

Pourtant, on a besoin d’enseignants tenant la route et ce métier nécessite un vrai changement de mentalité.

Enseigner, c’est offrir une égalité de savoir, c’est donner une chance même aux plus démunis, c’est donner un sens au mot « apprendre ».

L’école d’aujourd’hui est asphyxiée. Elle ne respire plus parce qu’on ne l’autorise plus à s’oxygéner. On la gangrène de l’intérieur.

Et pourtant, l’école reste le passage indispensable permettant aux générations futures d’être des têtes pensantes et non des moutons de Panurge.

Mais peut-être est-ce ce qui arrange nos politiciens ?

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