Un jour, je fus enseignante
Si, si, vous me le demandez régulièrement comme si c’était inconcevable aujourd’hui en regardant mes peintures ou mes livres, j’ai été professeur des écoles durant plus de vingt-cinq ans et j’ai aimé mon travail à y laisser mes ailes. C’est, pour moi, le plus beau métier du monde, enfin j’en étais convaincue. Lorsque j’ai débuté, j’avais déjà exercé une autre profession durant plus de dix ans. J’étais passionnée, enthousiaste, toujours pleine de projets. J’ai toujours aimé l’humain et toucher ainsi l’essence même de la génération qui nous succèdera fut un véritable bonheur.
Pourtant, j’en ai vu passer des réformes, des ministres, des programmes, certains annulant les précédents comme si d’un seul coup, tout était bon à jeter, les vieux enseignants aussi au passage. Et puis, il y a une dizaine d’années, on a commencé à enlever de précieuses heures de français pour ajouter l’anglais indispensable à nos têtes pensantes. J’ai grimacé ! Apprendre une langue, pourquoi pas, mais bien parler français me semblait bien plus important ! Alors commença la guerre de l’apprentissage de la lecture : syllabique ou pas, globale ou pas … J’avoue qu’en CM2, mon constat s’avérait tristement identique. Quelque soit la méthode, les enfants n’aiment plus lire, leurs productions étaient de plus en plus insipides.
C’est avec nostalgie que je me souviens de certaines années où j’avais des cahiers complets à corriger racontant une histoire, des mini-manuscrits, un autre temps … deux anciennes élèves sont aujourd’hui auteure. Je les ai croisées au salon de Paris. « Grâce à vous » m’ont-elles dit … c’est gentil, mais certainement grâce à elles.
Ah cette époque où l’informatique n’était pas reine ! Parlons-en de ces nouvelles technologies comme on les avait appelées, qui nous ont été propulsées, à nous les dinosaures ! Moi qui étais dans l’incapacité de créer seule un site ou une boîte mail, je devais pourtant enseigner les bases aux élèves en leur validant le fameux b2i. Heureusement qu’à l’époque, il existait des conseillers pédagogiques spécialisés sans quoi j’aurais fait chou blanc. C’est ainsi que faute de comprendre les ficelles Internet, j’ai appris aux gamins à manier le logiciel Photofiltre Studio, mettant un peu de créativité dans des enseignements si rigides !
Un jour, je fus enseignante et comme beaucoup, j’ai vadrouillé avec les élèves en classes transplantées, à une époque où c’était encore magique, je les ai emmenés aussi bien dans de nombreux musées ( on prenait le métro et on n’en est pas mort), dans des régions françaises comme les plages du débarquement, Verdun, ou le Futuroscope à Poitiers. Que de souvenirs !
Je fus enseignante et je le resterai dans l’âme, même si je suis partie en fermant une porte définitive.
L’école a bien trop changé. Avant l’enseignant était respecté, écouté, aujourd’hui, on assiste aujourd’hui à une meute de parents souvent ayant vécu l’échec scolaire n’hésitant plus à contredire un enseignant devant son enfant, réduisant en poussière parfois des semaines de travail. On a fait entrer les parents dans les écoles, mais ce qui aurait dû être une avancée s’avère un échec. On a ouvert la porte des récriminations gratuites, des colportages malveillants, des ragots incessants. Les parents ne voient plus les enseignants avec un regard bienveillant, mais sous la houppe d’une critique possible, car il est bien plus facile de critiquer que de comprendre !
Je pense que je suis partie à temps. J’ai enseigné jusqu’à la dernière heure avec un immense plaisir, mais comme vous pouvez le voir, ma casquette « école » est bien rangée !
Aujourd’hui, je me revendique enfin en qualité d’auteure et de peintre.
Un autre monde. Une autre aventure.
Mais je n’oublierai jamais qu’un jour, enseignante, je fus ….
professeur? Sûre?
Les mots employés sont ceux d’une MAITRESSE d’école!
Au Maître, on se réfère, le professeur enseigne un certain nombre d’heures…
Dernière publication sur le radeau du radotage : Quelle culture!