( 17 février, 2020 )

Mourir dignement : un livre fort !

La mère morte de blandine de caunes

 

En voilà un roman fort, qui claque, qui m’a touchée en plein coeur, peut-être simplement parce que j’ai perdu en juin dernier ma mère d’une maladie de la mémoire également, peut-être aussi parce que je me retrouve dans les mots de Blandine qui a perdu subitement sa fille de 36 ans, et que l’on soit issu d’une famille célèbre comme c’est son cas ou pas, la douleur n’épargne personne.

Dans ce livre on touche le dépérissement de Benoîte Groult, 92 ans, un bel âge tout de même que la maladie d’Alzheimer ne va pas épargner.  C’est une déchéance terrible pour cette grande écrivaine de sombrer dans l’oubli. Ce livre relance le débat sur le droit, le devoir de mourir dans la dignité. Cette écrivaine féministe a longtemps milité pour ce droit.  Elle aura la chance de le vivre, peut-être justement parce qu’elle a les moyens, parce que la notoriété permet de connaître du monde.

Dernièrement, j’ai lu :

« Le midazolam, puissant sédatif jusqu’ici réservé à un usage hospitalier, sera disponible d’ici quatre mois dans les pharmacies de ville pour les « médecins qui prennent en charge des patients en fin de vie à leur domicile », a annoncé ce lundi le ministère de la Santé. »

Petite avancée tout de même encore soumise à la bonne volonté des médecins.  L’ayant vu pour des proches, rien n’est moins facile que de sédater une personne. La plupart des professionnels de santé sont contre au nom de la religion, de la préservation de l’espèce.  Des mots qui me font mourir de rire ! Une personne en fin de vie n’en a rien à faire que l’on préserve l’espèce humaine. Ce qu’elle veut, c’est pouvoir s’endormir définitivement dans la dignité, sans souffrir.

Si on a vu des proches en fin de vie, on sait. La souffrance autant pour la personne que pour le proche est terrible. Elle laisse des traces. Comment se reconstruire, faire son deuil quand on a vu la personne que l’on a aimé se tordre de douleur, s’amenuiser, devenir fantomatique jusqu’à finir par s’éteindre morte de faim et de soif.

Sédater une personne en fin de vie, c’est lui offrir une dignité qui jusqu’à ce jour lui était refusée.

Mais sera-t-elle vraiment appliquée ? J’ai quelques doutes quand on voit à quel point c’est difficile de faire valoir les directives anticipées d’un proche dans un hôpital ou dans une maison médicalisée.

Pour revenir à ce roman qui a eu le mérite de délayer ma plume aujourd’hui, c’est un très bel ouvrage, bien écrit, et surtout qui pose la question de notre devenir, car à nous maintenir en « bonne santé », on en oublie notre cerveau qui lui a bien du mal à suivre ! Est-ce vraiment une chance de vivre centenaire ?

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