Comment prendre soin des autres quand on ignore comment prendre soin de soi-même ?
Les professionnels du bien-être pullulent comme des petits pains, promettant le bonheur en quelques séances. Une fois encore, je suis perplexe devant ces nouveaux commerces qui sont à double tranchant. Il est important pour chacun de vivre pleinement l’instant T et je ne peux qu’encourager ce type de pratique, seulement, trop de ces praticiens n’œuvrent pas pour de bonnes raisons. La plupart ont pris cette orientation suite à une fracture dans leur vie : violence subie, adultère, rejet des autres, burn-out et ce virage leur offre la rédemption. Prendre soin des autres leur permet d’oublier ce qu’ils ont vécu. C’est là où cela coince, car un individu qui n’a pas réglé totalement ses propres souffrances, ses propres fêlures ne peut aider véritablement les autres sans projeter ses limites à travers eux. C’est donc terriblement dangereux !
Je discutais dernièrement avec une personne suivie en sophrologie et qui ressortait des séances sans énergie. La praticienne avait opté pour cette formation sérieuse et aboutie pour exister, car elle n’était « rien » dans son couple. ( ce sont les mots de mon interlocutrice) alors je m’interroge, ce transfert sur le patient n’est-il pas un moyen de se soigner lui-même ? Ces professions de médecine parallèles ne devraient-elles pas être plus réglementées ?
Et pour aller beaucoup plus loin dans cette réflexion, un infirmier ou un aide-soignant, tout comme un médecin qui véhiculerait des douleurs et traumatismes ou des blessures dans son « moi » serait-il vraiment à même de prendre soin des autres ?
Mais bien sûr !
Ce qu’il ne faut jamais perdre de vue en thérapie, de quelque ordre qu’elle soit, le vrai professionnel est un être qui ne cède pas aux démons de l’identification.
ça ne veut pas dire qu’il ne traîne pas des casseroles : il est des plus aptes à faire la démarche de différenciation, il appris à ne pas se projeter et non plus à projeter sur les autres ses désirs, attentes, souffrances…
Mieux : il tend, si son expérience est douloureuse en certains points à regarder en lui l’être qui souffre (ou a souffert) comme un autre, uns autre personne qu’il convient de traiter avec des moyens qui lui sont spécifiques et donc que ne requiert pas toute autre personne qu’il aura en face de lui. Le thérapeute adapte sa démarche à celui qui est en face de lui, à la nature de son mal être.
Mais jamais, Ô grand jamais, il ne fera d’amalgame !