Vieillir au coin du feu
Mon arrière-grand-mère est décédée à l’âge honorable de quatre-vingt-dix-huit ans. Je la revois ratatinée au coin de la cheminée, entourée de sa famille. Une autre époque où les anciens faisaient partie des meubles et n’étaient pas bons à être placés. Notre société est devenue égoïste, centrée sur l’individu et non les autres, oubliant que l’ancêtre est la racine de leur vie.
Vieillir au coin du feu, on en rêve tous et c’est possible, enfin, ce devrait-être possible si la politique en faveur des aidants était plus souple, plus simple. Comment peut-on décemment s’occuper de ses parents âgés sans aide financière ? On donne sans compter pour les enfants ( allocations diverses, rentrée scolaire), mais pour une personne qui a dépassé « un certain âge », il faut se battre pour obtenir des aides, comme si la génération du vingtième siècle avait une retraite à la hauteur des dépenses. La plupart de ces femmes n’ont jamais travaillé. Les placer dans un institut demande de gratter les économies, voire de vendre un appartement acheté à la sueur de leur front, pire de quémander l’aide des petits-enfants !
Après, certaines pathologies obligent, pour la sécurité des personnes, à les placer. J’ai dû le faire avec ma maman qui était atteinte de la maladie à corps de Lewy. Aujourd’hui encore, je garde une sensation de culpabilité, comme un goût d’inachevé.
J’aurais tellement voulu pouvoir lui tenir la main lors de son envol, au lieu de cela, elle est partie seule, tout comme, malgré mes nombreuses visites, elle fut bien seule les dernières années.
J’aurais aimé pouvoir la regarder vieillir au coin du feu, avec juste les flammes éclairant parfois son visage sans expression. Peut-être aurait-elle été moins malheureuse ? Si cela s’était passé au siècle dernier …
https://www.amazon.fr/Elle-sappelait-Simonne-sappelle-DCL-ebook/dp/B087G1QTBZ/ref=nodl_
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour rédiger un commentaire.