Une soeur … un jour
Écoutant dernièrement la superbe chanson de Grand Corps Malade « une soeur », je me suis laissée emporter par mes souvenirs, ceux d’un temps où nous étions deux gamines insouciantes jouant aux barbies que nous mutilions en coupant les cheveux d’une d’elles pour en faire une histoire d’amour, ceux d’un temps où nous écoutions sur un petit mage-disque couleur orange éternellement le même 45 tours, car il faut bien le dire, nous n’avions pas beaucoup de disques à cette époque. Je me suis rappelée cette colonie où on m’avait expédiée à dix ans et où j’attendais avec impatience son dessin, car elle me manquait. Nos vacances avec notre grand-mère durant tout l’été, nos caches-caches dans les champs de blé, les prunes que l’on ramassait jusqu’à se faire éclater le ventre et finir par une bonne diarrhée.
Comme j’aimerais encore pouvoir lui en parler. Puis vint le temps des confidences sur l’oreiller lorsque les parents étaient couchés, le premier baiser raconté, le premier chagrin d’amour avec le coeur brisé, les larmes qu ‘elle m’aidait à sécher. Elle fut ma première confidente, celle qui gardait mes secrets dans un tiroir bien fermé. Mon témoin la première fois que j’ai dit oui, pensant que c’était pour la vie. Pourtant un jour, tout s’est écroulé. Elle s’est éloignée, préférant boire un verre plutôt que se confier. Impuissante je l’ai vu s’enfoncer, se dégrader, perdre autant sa beauté que sa lucidité, et j’en avais le coeur brisé. J’ai bien essayé de l’aider, de la secouer, mais cela n’a fait que creuser un peu plus ce maudit fossé. Nous nous sommes retrouvées, trop tard. Elle terminait ta route, une route qui ne l’a pas épargnée, un destin qu’elle ne pouvait peut-être pas évitée. N’empêche que même si elle est partie pour l’éternité, cette chanson, telle une piqure de rappel, m’a emportée vers des photos usées où nos sourires étincelaient. Il faut bien l’avouer, ma petite frangine, même si comme dans toutes les fratries on s’est beaucoup disputés, des fous rires à n’en plus finir, on s’en ait payés ! Et c’est ce souvenir de « nous » que dans mon coeur je veux à jamais garder.
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