Et si je rencontrais mon « moi » passé ?
Parfois je me dis, que se passerait-il si je rencontrais mon « moi » du passé, disons celui de mes vingt ans. Qu’aurais-je envie de lui dire ? Devrais-je lui annoncer de but en blanc que ce superbe petit garçon aux yeux rieurs serait fauché par le crabe à l’âge de trois ans ? Devrais-je lui suggérer de choisir plus tôt d’être enseignante, ce métier que j’ai adoré exercer et pour lequel j’étais faite ? Devrais-je lui dire d’éviter de m’enraciner dans la même ville comme je l’ai fait ?
Que dire à ce « moi » du passé ? Que la perte brutale du père sans pouvoir lui dire adieu était une blessure ouverte ? Devrais-je lui suggérer de ne pas laisser les cinq jours passer et de tout laisser tomber pour lui dire une dernière fois « je t’aime ». Sachant, il est vrai que cet acte aurait inéluctablement un effet qui changerait mon devenir, ce que je suis ?
Comme c’est difficile de s’imaginer avec une liste de toutes nos erreurs, de tous ces mauvais choix, de toutes ces larmes versées. J’aurais tellement peur qu’une parole affecte mon présent.
Alors, si je devais rencontrer mon passé, je lui dirais juste qu’il faut se faire plus confiance, qu’il ne faut pas céder à la tentation qu’offre le doute, surtout ne pas croire les belles promesses ou les ragots. Je lui conseillerais sans citer de nom de bien choisir à qui se confier, mais surtout je l’inviterais à croire en lui, à aller jusqu’au bout de ses rêves, simplement parce qu’au fond, ces autres qui ont joué un rôle dans une vie ne furent qu‘un tremplin. La force, la vraie force est de savoir rester fidèle à ce que l’on est, à ses convictions.
Voilà ce que je dirais à cette autre « moi » : Sylvie, ne lâche jamais rien ! Tes vibrations n’en seront que plus fortes si tes actes sont réalisés avec amour.