L’approche des fêtes et la thyroïde
Contrairement au commun des mortels, l’approche des fêtes de fin d’année peut-être très anxiogène pour un malade de la thyroïde tout simplement parce que le mot festivités est synonyme de monde, d’organisation, de bruit. Dernièrement, une malade venant juste d’avoir ses résultats Hashimoto, me disait être en larmes rien que de penser à cette fin d’année où elle allait devoir faire « bonne figure », car son corps était épuisé. Elle m’avait listé toute une série de contraintes pourtant fort joyeuses d’habitude qu’elle n’arrivait pas à concevoir autrement que comme un fardeau. Réveillonner le soir de Noël alors qu’elle avait déjà bien du mal à tenir debout, recevoir le lendemain sa belle-mère qui refusait de comprendre sa maladie, devoir avaler des mets pourtant délicieux, mais qui allaient rester sur son estomac tellement sa digestion était lente, sourire, alors qu’elle n’avait qu’une seule envie, pleurer.
Parce que la thyroïde, c’est ça ! Ne plus arriver à se faire une joie de ces moments de bonheur tellement le corps, lui, dit stop. Participer à une conversation lors d’un repas peut être un vrai problème avec l’impression d’avoir quatre-vingts ans, de ne plus pouvoir se concentration sur un échange verbal. Qui n’a pas vécu cette horreur avec de gros troubles de la thyroïde ? Et cette absolue nécessité de devoir s’assoir alors que l’on n’est pas la plus vieille personne de l’assemblée ?
La fatigue de cette maladie n’est pas un euphémisme, c’est une réalité, même si certaines personnes ont la chance d’y échapper.
Certains spécialistes, médecins, psychologues, voire psychiatres, bref toutes ces personnes censées aider les malades ont une fâcheuse tendance à dire que c’est la faute du malade, que c’est lui qui somatise, en clair qu’il est fou. Alors arrivent des mots comme psychose, névrose, dépression, voire pire.
« La thyroïde est le centre des émotions. Je le sais aujourd’hui. Mon corps a dit de lui-même « stop » à ma place, c’était trop lourd pour lui. La frontière entre le corps et le psy reste très mince. Je voulais savoir le « pourquoi ». Je n’ai su que le « parce que ». Je m’autodétruisais « parce que » je n’avais pas pu supporter cette haine envers moi. Je m’étais déclenché une maladie auto-immune nommée Hashimoto. En deux mots, tel un petit soldat, j’obéissais. On voulait que je disparaisse. Petit à petit, mon corps a cessé « d’exister ». Agressée dans mon moi le plus profond, dans ce que j’étais, j’ai choisi volontairement de me détruire, peut-être pour m’offrir un havre de paix en donnant raison aux propos malveillants. » (extrait de Maladies Thyroïdiennes dévoreuses de vie.
« Névrosés, déprimés, paranoïaques, de nombreux malades Hashimoto ou victimes d’une autre maladie thyroïdienne se voient attribuer ces qualificatifs. Réducteurs, mais comme aurait dit mon grand-père, pas complètement faux. La glande thyroïde a une influence dans l’équilibre de l’organisme, et ces hormones agissent au niveau du cerveau. Elles modulent le fonctionnement des cellules de notre système nerveux central, et notamment des cellules qui fabriquent un neuromédiateur, neuromédiateur, la sérotonine, bien connue pour agir sur notre humeur et notre psychique. Un pas vers la dépression, un autre vers les sautes d’humeur. Il a été mis en évidence qu’une hypothyroïdie multiplierait par sept les troubles de l’humeur. À cela va s’ajouter des signes débutants de perte de mémoire, concentration, pouvant apporter anxiété, angoisse, voire peur. De nombreux malades nous relatent souvent qu’avant de les diagnostiquer, elles furent longtemps traitées pour névrose obsessionnelle ou dépression chronique, certaines furent même internées. Le raccourci est donc rapide, Hashimoto est une maladie de femmes (pauvres hommes qui en sont atteints), de préférence de « femmes folles » qui psychotent, ont besoin d’attention, et ainsi inventent des symptômes. »
Tout est dit ! Les autres ne savent ni compatir, ni comprendre dans notre société, et surtout ils ne le veulent pas. Que faire alors ? Tenter d’appréhender ces fêtes qui arrivent sans paniquer, car peut-être, après tout, tout se passera bien, peut-être que la belle-mère grincheuse aura enfin un mot gentil ou la belle-sœur aigrie cessera de parler d’elle.
Peut-être surtout que notre société finira par comprendre qu’une maladie thyroïdienne peut gâcher bien des vies, alors continuons à nous serrer les coudes !