( 7 décembre, 2020 )

La souffrance des aidants.

La pire souffrance des personnes âgées est la solitude. Face à certaines pathologies, comme les maladies neuro dégénératives de la mémoire, la famille se retrouve dans l’obligation de placer la personne qui lui est chère, parents ou conjoints. Cette étape est compliquée, difficile. L’opinion des autres culpabilise. Combien de personnes entendons-nous régulièrement dire : « Nous ne l’aurions jamais fait ! » «  Nous aurions abandonné notre travail pour nous en occuper. » Seulement, rien n’est si simple. On ne vit pas d’amour et d’eau fraîche, et s’occuper d’un proche demande du temps, de l’argent, et une santé de fer. Comment faire ?

Je ne dirais juste qu’une chose, faire avec son coeur, et seulement son coeur.

Être aidant n’est jamais facile. Être aidant, c’est donner bien plus que de l’amour, c’est donner son temps, un bout de sa vie. Pour un conjoint, c’est souvent plus simple, car c’est un lien qui dure depuis des années et ne peut-être coupé. Par contre, être aidant d’un parent est différent, car l’aidant a sa propre famille, ses propres enfants, son travail, et il se trouve souvent coincé entre les deux. L’aidant va alors souffrir, partagé entre un certain devoir, une image que la société lui renvoie, un conjoint qui peut saturer de « ces obligations » envers le parent. Et c’est tout à fait normal ! Il ne faut pas avoir honte de ne plus y arriver. L’aidant n’est pas un surhomme. Le choix d’une maison spécialisée est alors l’unique solution. Il ne faut surtout pas se sentir coupable de faire ce choix qui permet de survivre, et je dis bien survivre et non vivre, car tant que l’aidant a la charge morale du malade, il va vivre entre parenthèses. Et c’est difficile, car ces maladies neuro dégénératives durent des années.

J’ai été aidante durant plus de sept ans, même si les dernières années, ma maman était placée dans un institut où elle était sensée être bien, où elle devait être bien traitée, où cela aurait dû me permettre d’être mieux. Ce ne fut pas le cas. Il ne s’est pas passé un seul jour où je n’ai pas pensé à elle, où même si je la savais entre de bonnes mains, je ne me suis pas inquiétée pour elle. Pas un jour où je n’ai porté sur mes épaules cette douleur, ce poids, tout en ayant cette culpabilité de l’avoir laissée, en me disant : comment en suis-je arrivée là ?

Survivre, ce n’est pas vivre, alors j’invite tous les aidants à vivre, à ne pas porter ce manteau de culpabilité, à se dire que l’on fait ce qui est bon pour « tous », afin de vivre vraiment …

Respect pour tous les aidants !

 

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