À mon père …
Aujourd’hui, j’ai envie de parler de toi, toi mon papa, toi mon essence, toi qui est ma source d’énergie. Tu es parti discrètement par la petite porte il y a vingt-cinq ans, en silence, alors que l’on ne s’y attendait pas, peut-être parce que nous n’avions pas voulu voir tout simplement. Je te revois dans ton pull blanc, ton appareil photo en bandoulière, toujours à l’affût de la petite bestiole que tu allais choper en macro. Je me rappelle de ta palette couverte de peinture, de tes pinceaux qui traînaient et agaçaient maman, de cet amour illimité que tu offrais à chacun, cette énergie, tel un cadeau, sans rien demander, sans rien dire. Je me souviens de ce quatorze décembre, ce jour terrible où le téléphone a sonné à vingt heures pour nous annoncer que tu t’étais envolé, si jeune, tu avais juste cinquante-sept ans. Je me souviens de cette brûlure au coeur, frappé au fer rouge, ce sentiment d’abandon, et surtout cette envie de dire : « pourquoi toi ? Pourquoi nous, encore ? »
Le temps a passé, la vie a continué, difficile, avec ce vide que ne peuvent comprendre que ceux qui ont perdu leurs parents. L’impression de ne plus avoir de racines, de simplement marcher sur des sables mouvants, de ne plus avoir ta main solide bien présente pour me rattraper, de plus sentir tes bras me serrer contre toi.
Certains disent que tout s’efface avec le temps. L’amour ne s’efface jamais et tu es toujours au plus profond de mon coeur. Si ton énergie, comme j’aime à le penser, a rejoint l’immensité, aujourd’hui, tu es bien entouré, entre mon petit ange, ta femme chérie et ta fille cadette. Il ne reste plus que moi, la survivante de notre famille bien aimée. Je vais t’avouer un secret. Même si je t’aime mon petit papa toujours très fort, je ne suis pas pressée de venir danser sur le firmament. La vie ne m’a pas épargnée. Je l’ai acceptée. J’ai même accepté ce que je ne comprenais pas. Mais, avant de te retrouver, j’aimerais que l’on m’offre un peu de sérénité, encore quelques années, si ce n’est pas trop demander, avec un seul cadeau, la paix.
Aujourd’hui, à toi et à jamais, je me sens connectée, telle une petite flamme qui s’élève vers ton immensité .
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