La retraite anticipée
Même si la Covid est passée par là, je n’ai aucun regrets d’avoir pris ma retraite anticipée il y a dix-huit mois. Au début, j’ai eu un peu de mal face à l’image que les autres me renvoyait ( pas simple d’être directement classée dans les vieux lorsque l’on n’a pas encore soixante ans), et puis le virus est passé, et là je me suis vraiment dit que j’avais fait le bon choix, car j’aurais été sur le front à suer ! Certes, je grince un peu des dents lorsque je vois chaque mois le montant de ma pension. Travailler tant d’années pour toucher si peu, mais je relativise, nous dépensons moins car je cuisine plus, du frais, du bon, et puis, j’use mes vêtements jusqu’aux coudes parce que l’apparence n’est plus importante ! Seuls comptent ma famille, mes amis, mes passions, et pour tout ça, je suis gâtée. Je ne cours plus après le temps, j’apprends même à l’apprivoiser ! À moi, les grasses matinées, les grandes marches à pieds, l’esprit libre et serein, vivant le « no-stress » comme une bénédiction qui retentit sur mes proches.
Les mots coulent dix fois plus, la peinture aussi ( je commence à manquer de place à ce sujet), ma santé va bien mieux. Seuls mes kilos stagnent à force de faire mijoter de délicieux petits plats, mais ce n’est pas bien grave. Je suis heureuse !
Alors non, on n’est pas vieux lorsque l’on prend sa retraite, car au contraire, on sort du schéma « boulot-fatigue-dodo » pour vivre vraiment ! Et même si on me proposait un chèque à plusieurs zéros, je ne retournerai pas au front ! Vivre sans entendre ces cris, ces hurlements incessants, ces bavardages, ces insultes, quel bonheur ! Maintenant j’attends que madame la Covid fiche le camp, parce que franchement ciné, musées, expos, visites guidées, restos, vous me manquez !