( 22 avril, 2022 )

Lettre à mon ange

Aujourd’hui, je vais parler de toi. Nous sommes la veille de « ton jour », mais demain, j’ai un salon et je veux n’être que joie.

Je ne supporte plus ceux qui me disent encore aujourd’hui que penser à toi est pathologique, que je devrais  t’oublier définitivement. Comment humainement peut-on imaginer une seule seconde qu’une maman puisse rayer un enfant de sa vie ?

Depuis plusieurs jours, j’ai le coeur lourd comme c’est le cas depuis 34 ans. Toute l’année je pense à toi chaque matin en me réveillant, je te dis bonjour, je m’imprègne de ta lumière. Tu as laissé un vide qui ne se comblera jamais, une incompréhension que je prends en pleine figure à chaque fois. Pourquoi moi ?

Pourquoi toi ? C’est tellement injuste ! Je me souviens de notre dernier jour houleux, car tu fus très difficile, capricieux. Comment pouvais-je savoir que tu allais si mal, que ces imbéciles t’avaient inondé d’une overdose de rayons ? Fatiguée par ta soeur, cette princesse que tu adorais, que j’allaitais, par ton turbulent de grand frère, je vivais tes dernières heures sans le savoir, sans en avoir pris conscience. Mon plus grand regret.

Aujourd’hui, je suis et resterai une mamange, une « orpheline » d’un enfant merveilleux dont le sourire nous a tous éblouis, ainsi que sa force et son courage durant trois ans. Il ne me reste presque rien de toi, la plupart des photos scannées sur mon micro, furent piratées par une enflure, souvenirs envolés. Certainement pour me briser.

Je suis toujours debout.

Depuis ce jour maudit où tu t’es envolé, j’ai traversé la vie sur la pointe des pieds, comme si je n’étais qu’une invitée, parce que je n’étais plus entière, il me manquait un membre, un bout de chair, un morceau d’ADN, toi, mon ange, mon amour, ma force.

Toi et moi, c’est une histoire inachevée, une vie gâchée.

Je maudis ce 23 avril qui t’a emporté, je maudis Tchernobyl qui t’a « infecté », je maudis cette vie qui ne t’a pas épargné.

À vous qui me lisez, regardez ce sourire. Méritait-il de disparaître ?

Aucune mère ne peut dire définitivement adieu à son enfant.

Alors à toi, mon ange, en cette journée de pré-deuil, je te dis et redis de par le firmament, tu fus, tu es et tu seras jusqu’à ma dernière pensée cette petite flamme qui brûle à mes côtés et qui m’aide à supporter les coups de couteau dans le dos, les trahisons, la violence humaine, qui malheureusement ne me sont toujours pas épargnés.

Rassure-toi, il reste de bien belles choses sur cette terre, et je continue de vivre chaque jour que tu n’as pas vécu pleinement.

Je te rendrai hommage à jamais avec tout mon amour de maman.

 

5 mars 1985-23 avril 1988

 

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