Thyroïde et vie familiale et sociale
Vous êtes nombreux à avoir réagi à mon dernier article, à la difficulté d’être malade avec une même demande : comment faire pour que les autres, la famille, les amis, les collègues comprennent.
Dernièrement, j’étais chez le coiffeur et cette dernière me parlait de son conjoint atteint de Basedow, invivable, imbuvable au quotidien. Parce que c’est une réalité que l’on ne peut pas nier. La thyroïde, cette petite glande au demeurant insignifiante, peut provoquer des symptômes problématiques pour une vie harmonieuse, jouant sur l’humeur, le point central de toute sociabilité. Comment un malade peut-il construire une vie harmonieuse s’il est dirigé par ses sautes d’humeur qui vont altérer avec sa famille ? Comment à l’inverse, même l’épouse la plus dévouée peut-elle supporter un mari irascible, dont le comportement peut passer de l’agressivité à la violence, ne sachant pas sur quel pied danser ?
Basedow est réputé pour faire fuir les conjoints ( homme ou femme) à cause des remarques toujours mal prises, des pics que le malade peut lancer pour faire du mal. Alors, je m’adresse à l’entourage : c’est la maladie qui parle et non la personne aimée ! Pour les personnes sans thyroïde ou avec une thyroïde insuffisante ( ablation, Hashimoto etc), là on se heurtera à un tel ralentissement que les autres finissent par être convaincus que la personne fait exprès ! Là encore, je m’adresse à l’entourage. Le malade en hypothyroïdie ne fait pas exprès « d’être relou », de sombrer subitement dans une tendance dépressive, de tout refuser pour cause de fatigue. Il est vraiment fatigué ! Ne croyez pas qu’il ne se sent pas bien juste avant d’aller voir vos collègues ou belle-maman, que c’est volontaire. Cela ne l’est pas. Pourtant allez-vous me dire, hier, il était en pleine forme ! Eh oui, mais c’était hier ! Aujourd’hui est un autre jour ! On ne choisit pas d’avoir des fluctuations thyroïdiennes. Elles s’invitent, parfois juste sur un changement de temps, sur un énervement, un stress. Heureux ceux qui disent régulièrement sur les réseaux sociaux être « super bien » depuis des années. Ceux-là au final font du mal, sans le vouloir, aux autres ! Ce qui fait dire à certains que la maladie est dans la tête ! Une maladie de la thyroïde devrait bénéficier d’une analyse minutieuse de tous les symptômes, de leurs retentissements sur les autres. Combien de praticiens le font en dehors des homéopathes ou de la médecine fonctionnelle ?
Dernièrement, je fus violemment prise à partie par une malade m’affirmant que tout ce que j’écrivais ne servait à rien puisque ces dysfonctionnements étaient héréditaires ! Il n’en est rien ! Les maladies de la thyroïde ne sont pas héréditaires, génétiques pour un très faible pourcentage de malades, mais pour les autres, le « pourquoi » est ailleurs ! Il faut vraiment que cesse les raccourcis si on veut un jour voir cette maladie reconnue.
La reconnaissance est indispensable, je le redis, simplement pour permettre à ces dysfonctionnements d’être pris au sérieux, pour ne pas laisser cette étiquette de « tout est dans la tête », « elle invente tout », « c’est psychologique voire psychosomatique ». De tels raccourcis invitent les proches, les collègues, les patrons à le croire. Il n’en est rien. Je le redis, si certains malades ont la chance d’être 365 jours par an au top avec un traitement de substitution, ce n’est pas le cas de l’immense majorité des personnes ! Parler de cette thyroïde, de son utilité ( que beaucoup ignorent en particulier lorsque les gens ne sont pas malades) c’est permettre aux malades d’aller mieux, car être entendus est un pas de géant.
Une pensée en particulier aux enfants qui subissent des critiques par rapport à leur poids, leur ralentissement dans diverses activités. Cette reconnaissance est nécessaire aussi pour eux qui vont devoir subir toute leur vie cette pathologie invisible.
Nous reviendrons sur le poids prochainement, car beaucoup de questions sur le sujet.
Courage les papillons !