( 3 février, 2023 )

Écrire, être édité, être lu, rester vrai

Voilà bientôt dix ans que je surnage dans cette marmite éditoriale. Ah! J’en ai rêvé de tenir mon livre entre mes mains. J’en rêvais depuis mon premier salon du livre de Paris en tant que lectrice, de la première dédicace que l’on m’a signée. Je m’en souviens encore. Je longeais les allées avec une collègue de l’époque et je suis tombée sur un auteur qui m’a offert gracieusement son roman. On a parlé. Il a changé ma vie. J’ai commencé à écrire, beaucoup, tout le temps. J’ai croisé des routes qui m’ont portée,. Une écrivaine venue dans ma classe, un imposteur qui m’a fait croire à son aide bienveillante. Et puis, mon premier livre est sorti, puis un second. Enduite, j’ai été édité dans une édition avec pignon sur rue. J’ai côtoyé durant deux ans les grands de ce monde, les restaurants chics. J’ai dansé sur du rêve, et puis, j’ai atterri. Ce monde, celui des prix, des salons, n’est pas si joli vu de l’intérieur.
J’ai continué. D’abord par obligation, car certaines éditions imposent une clause d’obligation de publication. Cela a un peu refroidi mon enthousiasme. Pourtant, j’avais toujours l’envie d’écrire, alors les pages ont continué à se noircir jour après jour. J’ai signé de nouveaux contrats avec une nouvelle édition, puis avec une autre. Mais la magie avait disparu. Je ne ressentais plus cette flamme des premiers livres, pourtant les moins aboutis. Cette étincelle n’existait que dans l’instant T, celui où je plongeais dans mes mots, où je faisais vivre mes personnages. L’après, au fond, ne m’intéressait plus. C’est ainsi que j’ai découvert l’univers très décrié de l’autoédition, et j’ai adoré. J’ai adoré cette liberté totale permettant de créer sa propre couverture, cette liberté d’écrire ce que l’on veut écrire, sans être sanctionné, sans voir ses mots détournés. Peu importe que les puristes trouvent le livre littérairement moins bon, il était enfin à l’image des émotions, entier, total, unique.

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Aujourd’hui, je n’ai aucun regret. Chaque expérience me fut bénéfique et m’a apporté quelque chose. J’ai réalisé un de mes rêves, tenir mon livre entre mes mains, et bien au-delà puisque j’en ai publié une quinzaine en dix ans. Écrire continue de me faire danser, mais je ne ressens pas ce besoin que beaucoup d’autres ont, d’aller toujours plus loin. Je continue d’être lue, en moyenne une douzaine de livres par mois, et cela me convient parfaitement. Je n’ai aucune envie de perdre mon temps à « me vendre ». Je n’en ai pas besoin pour exister. Et puis, je vais vous avouer quelque chose, j’ai d’autres rêves, dans l’univers artistique, bien plus importants, et qui m’apportent beaucoup plus de bonheur !
Alors écrire, oui, toujours, être lue,  oui encore, parce que des mots sans récepteur n’ont aucun intérêt, par contre être éditée par des grands, je le laisse à ceux qui en ressentent besoin. J’ai essayé … Je n’ai plus envie … Je continuerai à naviguer entre les éditions bienveillantes avec lesquelles j’ai signé et l’autoédition, peu importe, sans pression, sans demande de changement sur mes textes. Est-ce que lors d’une exposition de peinture on demande à l’artiste de changer son tableau ? Non, alors pourquoi un auteur devrait-il changer ses mots ou le contenu de son livre pour plaire à un éditeur ?

 

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