Même si nous sommes au vingt&unièmes siècle, parler « de la femme » reste tabou. Cela me fait frémir, mais c’est une réalité. En dehors du gynécologue, peu de médecins posent des questions sur les sujets classiques : les règles, les rapports sexuels, la ménopause et pourtant, la corrélation avec la thyroïde est immense. Prenons juste la thyroïde post-partum qui est une inflammation progressive de la thyroïde. Les causes sont inconnues, mais pourtant les pourcentages sont énormes, et pourtant de nombreuses femmes n’ont aucune recherche thyroïdienne imposée après un accouchement. Pourquoi ?
Pendant la grossesse, par contre, les femmes enceintes ont un suivi, car le bébé peut en souffrir. Cela voudrait-il dire qu’une femme ne présente un intérêt médical qu’enceinte ? L’hyperthyroïdie atteint 15 % des femmes durant le premier trimestre de grossesse. Elle disparaîtra en général spontanément et sans traitement. L’hypothyroïdie atteint 4 et 8 % des femmes enceintes, dans de nombreux cas en déclenchant une maladie d’Hashimoto. Là encore, on n’en connaît pas la cause véritable, on n’a juste des suppositions. La dépression post-partum, elle aussi, n’est pas suffisamment prise au sérieux, car cette dépression peut être liée à un dysfonctionnement thyroïdien.
Le problème s’avère plus complexe lorsque l’on se trouve avec une patiente en âge d’être ménopausée. Si cette dernière est atteinte de la maladie d’Hashimoto ou d’une ablation de la thyroïde, les symptômes vont se mélanger pour occulter la thyroïde ce qui sera une catastrophe : fatigue, prise de poids, problèmes cardiaques, etc. Il faut donc impérativement être vigilant. Les médecins ne le seront pas nécessairement. L’interaction entre hormones féminines et thyroïde sont pourtant liée. Trop d’hormones comme les œstrogènes, et la thyroïde ne gère plus. D’où que souvent une dominance en œstrogènes peut plonger la thyroïde dans un état d’hypothyroïdie. On pourra avoir dans les deux cas, des seins douloureux, des seins avec de nombreux kystes ( très important ! L’affolement et la peur du cancer incitent les femmes à paniquer, alors qu’un bon médecin n’aurait qu’à expliquer que c’est effectivement un risque lors de cette période. Une échographie confirmera le kyste bénin.) et surttout va disparaître « la thyroïde stabilisée ».
Comme je le disais plus haut, on évite de parler dans notre société des règles. Il n’y a qu’à voir combien de patrons acceptent qu’une employée passe aux toilettes en urgence, qu’une hémorragie brutale souvent en hypothyroïdie ou après une ablation va dégoûter etc … À se demander à quoi ont servi toutes les publicités pour les Tampax ?Concernant les règles, là aussi la thyroïde joue un rôle essentiel. En cas de dysfonctionnement, on va avoir des règles qui peuvent être irrégulières, soit beaucoup plus longues, soit beaucoup plus courtes, qui vont également changer en quantité. Certaines femmes auront de véritables hémorragies avec des caillots importants. On parle même d’exemples où avec deux tampons et une serviette hygiénique, les fuites seront incontrôlables. Ce n’est heureusement pas une généralité, mais il faut le savoir, car ce problème gynécologique s’avère un véritable handicap ! Il peut être associé à des douleurs pouvant faire penser à de l’endométriose. Certains gynécologues passent directement au bistouri, ablation utérine, alors que dans 80% des cas, ce problème va se régler une fois le corps dit stabilisé ( même si ce sera long, car c’est toujours long quand on souffre)
Chaque personne est un individu qui doit être pris comme tel, une personne, non une généralité.
Un autre problème de femme : la fertilité. L’hyperthyroïdie (fonctionnement en excès de la thyroïde) touche environ 2,3% des femmes consultant pour un problème de fertilité, contre 1,5% des femmes dans la population générale. Ce n’est donc pas anodin. En hypothyroïdie, on peut avoir une absence d’ovulation. Dans les deux cas, il est important de ne jamais désespérer, car de nombreux bébés naissent de mamans avec un souci de thyroïde.
Par contre, il ne faut pas négliger le problème de fausse couche. Une thyroïde défectueuse ou enlevée pourra avoir un impact dans le développement de l’embryon. Il est donc nécessaire dans ce cas de ne pas tourner le dos au traitement de substitution qui permet une vie « normale ».
Dernier point tabou : la libido. L’hypothyroïdie comme l’hyperthyroïdie peuvent avoir une répercussion sur la libido, la lubrification, l’érection, l’éjaculation, l’orgasme. C’est un des sujets rarement abordé par les médecins et souvent, les malades ont peur d’en parler. Et pourtant, il faut le dire, c’est un véritable handicap dans un couple. L’absence de désir dans ce cas n’est jamais lié à l’absence d’amour, c’est hormonal, c’est cette thyroïde qui ne marche pas et qui « coupe » la fontaine à désir ! Chez l’homme, ce problème se retrouve également. La dysfonction érectile et les troubles éjaculatoires étant les problèmes les plus courants chez les hommes atteints d’hypothyroïdie ou d’hyperthyroïdie
Une fois encore, on voit qu’un simple dysfonctionnement qui paraît tellement bénin pour les toubibs peut être un véritable handicap pour les malades.
D’où une fois encore l’importance d’une reconnaissance de la maladie !
Ensemble, les papillons !