C’est le mot commun à tous les dysfonctionnements thyroïdiens, la fatigue, cette fatigue extrême, cette fatigue que rien ne calme. De l’avis des toubibs, la fatigue est la maladie de notre siècle, essentiellement dans la tête, un truc de gonzesse majoritairement, une fatigue sans intérêt. Et pourtant, si la majorité des médecins se focalisaient un peu plus sur cette fatigue persistante, peut-être des malades seraient diagnostiqués plus tôt et soignés. Surtout ne pas oublier que « La fatigue est le premier symptôme d’un problème de thyroïde, aussi bien en hypothyroïdie qu’en hyper même si, dans ce dernier cas, de nombreux malades ont une première phase d’hyperexcitation, voire de grande forme. L’asthénie va vite apparaître, et se retrouve dans 99 % des cas »
Cette fatigue est sournoise, perverse, invalidante. Certaines personnes n’arrivent plus à travailler avec autant d’assiduité. Cette fatigue va induire une mauvaise qualité de sommeil, une bouche sèche et des douleurs articulaires et musculaires. Un vrai cercle vicieux. Plus la fatigue est grande, plus la personne va souffrir de dysfonctionnement, et plus sa vie sera un enfer.
Une fatigue thyroïdienne se révèlera dès le lever avec une impression de ne pas avoir dormir. Une envie de bailler se fera sentir toute la journée, avec un besoin de faire la sieste, sieste qui ne sera aucunement réparatrice. Le soir, ce sera pareil, l’endormissement sera rapide, mais le sommeil ne sera pas réparateur.
Le malade de la thyroïde va s’enfoncer de plus en plus. Ce n’est pas une simple petite fatigue qui va s’estomper à coup de vitamines, elle va se prolonger, vider totalement.
Lorsque moi-même, j’ai commencé à être fatiguée il y a neuf ans, mes premiers symptômes en juin ne furent pas pris au sérieux. J’étais enseignante, c’était la fin de l’année scolaire, une fatigue donc « normale ». J’ai passé un été affreux, m’essoufflant au moindre pas, ne pouvant ni faire du vélo ni du tennis. Le moindre mouvement m’épuisait totalement. J’étais épuisée avant même de commencer ma journée.J’avais l’impression d’être un zombie. Je ne me reconnaissais plus. Une souffrance invivable, mais bien réelle.
Il ne faut pas négliger une fatigue ! Trop souvent, trop facilement, les médecins vont simplement noter un état dépressif, un problème de vie, mais au final, même un petit comprimé d’anxiolytiques ou d’antidépresseurs ne va pas réussir à stopper cette fatigue, tout comme lors de la prescription d’une hormone de synthèse telle que Lévothyrox. Cette fatigue, c’est un peu comme si une vieille machine s’était enrayée, comme si pour la remettre à neuve, il fallait trouver de nouveaux boulons, mais voilà, le corps n’est pas une machine que l’on peut facilement rafistoler en claquant des doigts.
La fatigue thyroïde est un handicap qui devrait être reconnu, car incomprise. Travailler en étant fatigué est difficile. Les collègues, le patron, les amis, les proches, personne ne peut comprendre parce que la fatigue, c’est quelque chose d’invisible, qui ne se voit pas, qui ne se touche pas et que seuls ceux qui l’ont vécue peuvent percevoir.
Comment s’en sortir de cette fatigue ? Seul le temps va l’alléger, mais la plupart des malades savent qu’elle peut survenir à la moindre occasion, sans s’annoncer, même sous traitement. Un malade atteint d’un dysfonctionnement thyroïdien aura du mal à se projeter, simplement parce qu’il ne sait pas ce que sera son lendemain.
Une note d’espoir : la vie ne s’arrête pas et cette sensation de fatigue, omniprésente les deux premières années de la maladie, va s’atténuer, sans pour autant disparaître. Savoir qu’elle existe, qu’elle a une raison réelle d’être, et non que c’est « dans la tête » est primordial !
Alors ne négligeons pas une fatigue qui dure …
Courage les papillons