Écrire n’est pas le plus difficile.
Dix livres bientôt publiés, dix contrats signés, de nombreux lecteurs qui me font l’honneur de me suivre. Bien sûr, comme tout écrivain, j’espère lorsque l’heure de la retraite se profilera, trouver une maison d’édition qui misera totalement sur un de mes romans, être en tête d’affiche comme Musso ou Sir Cédric, mais non pour le prestige, juste pour la reconnaissance de mon travail d’écriture, que je fais souvent seule, dans l’ombre. Je ne l’ai jamais caché, j’aime écrire, mais je déteste me vendre. Les salons sont pour moi un enfer, trop de bruit, trop de monde, trop de visages que je ne reconnais pas, une obligation de coller un sourire figé sur mes lèvres, et l’ennui surtout, attendre le client me fait penser à une péripatéticienne en quête d’argent. J’ai des souhaits tellement plus simples, tout bêtes, pouvoir me promener dans les Fnac ou les Culturas de ma région, et tomber sur mon roman en rayon, celui-là qui sera, celui-ci qui pourra, un rêve d’enfants.
Pour le moment, que ce soit les petites éditions, les éditions alternatives ou l’auto édition, la concurrence face aux grosses enseignes est bien trop difficile, et j’ai toujours le coeur serré en ne trouvant pas mes livres en librairie, mais je ne désespère pas, un jour, j’y crois, après tout, pourquoi pas ? Il y a des romans parfois bien moins bons qui sont en rayon. J’ai bien eu ROUGE durant deux mois dans deux librairies, et ce ne fut pas mon meilleur roman.
Au bout de plus de trois ans, je peux affirmer qu’écrire n’est pas le plus difficile. Être lu est bien plus dur. Les français ne lisent plus ou s’ils lisent, les romans sont échangés sur des réseaux, des groupes par le biais du numérique, n’offrant que peu de chance à un auteur qui ne publie pas chez Gallimard ou Actes Sud d’être connu ou d’obtenir un prix, et vous savez tous ce que je pense de ces prix officiels où ce n’est que magouilles et compagnie. J’ai mis longtemps à le comprendre, maudissant ma stupidité, pour avoir refusé à mes débuts, un contrat de l’un des Grands. Je pensais naïvement qu’il suffisait d’être publiée par une ME ou un autre moyen pour se retrouver dans toutes les librairies de France et de Navarre. Je n’y connaissais rien. Je fus très déçue, j’y ai perdu un temps l’envie, puis j’ai relativisé. Aujourd’hui, je suis surtout lue en ebook, à plus de 65%, ce qui est fort dommage pour mes romans en petite ME qui ne le sont pas. Il ne faut pas se voiler la face, le XXI siècle nous offre la possibilité d’être lue sur de nombreux supports numériques, c’est l’univers du livre qui change et il faut s’adapter, se dire que l’important est avant tout cette ouverture sur le monde, ces lecteurs de tout milieu, de tout âge, et non plus juste les intellos.
Aujourd’hui, je fais donc mon petit bonhomme de chemin loin des remous du milieu littéraire, sans me soucier des questions marketing. J’ai passé beaucoup de temps à promouvoir mes romans tout comme mes polars, au détriment de ma plume, de mes loisirs, subissant un énorme stress et une grosse pression. Je ne vis pas de mes rentes, j’ai un travail.
Je l’avais déjà écrit sur ce blog, et je le redis, écrire restera pour moi un plaisir, une passion magique, et je laisse à César ce qui lui appartient, en clair aux éditeurs le travail de promotion, celui de mettre mon prochain livre en avant. Si le succès n’est pas au rendez-vous, au moins je ne subirais pas de déception, je me suis contentée d’écrire et mon esprit se trouve déjà dans les limbes d’un nouveau défi littéraire.
La vie doit être ainsi ! Garder l’écriture comme un second souffle, comme une respiration jumelle, et ne pas se préoccuper du reste, qui au final n’est qu’une histoire de gros sous, de mains serrées et de promesses.
Dans quelques jours, les vacances seront là, et enfin, mes mots pourront voler.