( 19 février, 2019 )

La déformation professionnelle

On en parle partout pour un oui ou pour un non, et dans le monde enseignant, elle est omniprésente. Presque impossible de quitter son manteau d’enseignant le week-end, et c’est alors que coincée au supermarché dans une file longue de dix mètres, on voit le petit diable de notre école en train de remplir ses poches de bonbons devant l’air admirateur de sa génitrice. On est en repos. Cela ne nous regarde pas. Le petit monstre nous en a fait baver toute la semaine. C’est vraiment la poisse de tomber sur lui dans ce magasin là. Et pourtant, pris d’une impulsion, on va finir par aller remonter les bretelles du bambin qui va reposer aussi sec tous ses bonbons !

Et ce n’est pas tout ! Enseigner devient un réflexe et te voilà à expliquer allègrement lors d’un repas amical le pourquoi de l’invention de la Tour Eiffel ou de la règle de trois. Un peu déplacé, non, au milieu d’un groupe ? Le comble reste lorsque tu es en vacances, tu fouines un peu partout à la recherche de l’idée à exploiter, les boîtes en carton à récupérer, les objets à confectionner. Tu reviens alors le coffre bondé de choses parfaitement inutiles, mais que tu as eu la fierté de dégotter.

Et je ne parle même pas des phrases réflexes qui vont t’échapper : «  chut … », «  fais moins de bruit », « tais-toi ! » pas toujours très appropriées !

Quant à cette manie de parler en années scolaires et non civiles, cela mène souvent à confusion ! Je l’ai expérimenté dernièrement pour l’inscription à un stage «  pour l’an prochain », c’est à dire en Septembre !

Après cela a des avantages, cette déformation professionnelle nous pousse. Bien écrire, proprement, à être un peu mère poule avec toutes les personnes que l’on rencontre.

Mais au final, être enseignant, c’est aussi, inconsciemment se fixer des challenges bien au-delà des sacro saintes journées de travail, et je m’interroge, l’an prochain, vais-je me situer en année calendaire ou rester en année scolaire ? Là est la question

( 18 février, 2019 )

Société culpabilisante.

 

Nous vivons dans une société culpabilisante où le bien-être est la dernière roue du carrosse. Productivité, gains, argent, pouvoir, les maîtres mots, les seuls qui régissent ce monde. Et si vous avez le malheur de ne pas rentrer dans ce moule, vous vous retrouverez fusillés sur la place publique ou on vous fera comprendre avec peu de tacts que votre comportement met en faillite le système !

Prenons l’exemple simple des arrêts de travail qui sont un droit légal depuis 1930. En clair, une personne malade qui ne peut effectuer son travail se voit allouer une indemnisation. Seulement, s’arrêter de travailler est très mal perçu et la plupart du temps, nous ne nous arrêtons que contraints et forcés ! Et même dans un pareil cas, les regards réprobateurs des patrons ou des collègues plongent le pauvre malade dans une grande culpabilité ! Ce système de pensées est contraire à la bienveillance.

Même si certaines personnes ( il y a toujours des petits filous) ont ou abuser de cette loi, les autres ne font ni exprès ni semblants. Rajouter de la culpabilité n’arrange guère la guérison. Précision au passage que le gouvernement Macron a très sympathiquement remis en place la journée de carence, en oubliant que les fonctionnaires, contrairement au privée qui souvent ont leur salaire complété par l’emploeur,  se retrouvent imputés d’une journée de salaire ce qui est énorme. Une fois encore, cela revient à dire au malade : «  Bien fait ! Tu vas perdre une journée de salaire ! Tu n’avais qu’à ne pas chopper la grippe ! »

Tiens, justement cette grippe et son fichu vaccin. Avez-vous vu les publicités hyper culpabilisantes qui explicitaient que si vous ne vous êtes pas faits vacciner, vous êtes indirectement responsables de la grippe ? Le pic grippal au passage a montré que le vaccin n’avait pas été vraiment efficace cette année.

Coupables ! Nous sommes tous coupables de tout et de rien. Coupables de ne pas manger bio, coupables de ne pas manger sans gluten, coupables de manger vegan, coupables de ne pas être vegans, coupables de ne pas faire de sport, coupables de manifester, coupables de ne pas manifester … Coupables d’aimer, coupables d’être gays ou pas, catholiques ou athées, coupables, toujours coupables.  Quoique nous fassions, nous nous retrouvons toujours coupables de quelque chose.

Société culpabilisante, moralisatrice, société foncièrement égocentrique, peut-être serait-il temps un peu d’inverser la vapeur et de songer avant de trancher à se poser simplement l’ultime question : qu’est-ce qui est bien pour l’autre ? Pour mon ami ? Pour mon collègue ? Pour mon employé ? Pour simplement chaque être humain …

Que le monde retrouve cette lumière de bienveillance qui illumine nos forêts et peut-être, je dis bien peut-être, la paix pointera son nez …

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( 17 février, 2019 )

L’angoisse face aux maladies thyroïdiennes.

Voilà pourquoi je me bats depuis plusieurs années. Venez me retrouver ainsi que l’équipe de l’envol du papillon le mois prochain, Dimanche 17 Mars de10h à13 h au stand V 75

 

« Pourquoi se battre ? Alors, allez-vous me dire, puisque « cela ne sert à rien » ! « Reconnaître une maladie invisible est stupide, personne ne veut comprendre. » Ce type de remarques, je les vois souvent sur les commentaires de mon blog ou sur la messagerie de l’association. Pourquoi, parce qu’une maladie est invisible, n’aurions-nous pas le droit de demander à avoir une vraie reconnaissance ? Une maladie visible présenterait-elle nécessairement plus de gravité ou d’importance ? Pourquoi ne pourrions-nous pas, nous aussi, en parler ?

« Je me bats depuis plus de trois ans pour la reconnaissance d’Hashimoto, ainsi que pour les autres maladies auto-immunes invisibles, pour que l’on entende ceux qui souffrent. Ce n’est pas pour cela que je minimise des maladies bien plus graves. Nombreux sont ceux qui me parlent du cancer. Ayant perdu un enfant d’un cancer, j’ai envie de vous dire, « je sais ! » Le cancer est un des fléaux de notre siècle. Il tue encore, des enfants, des plus âgés. Une maladie auto-immune est effectivement moins violente dans le critère espérance de vie, mais ce n’est pas pour cela qu’on doit à l’inverse les juger « bénignes ». Certaines maladies invisibles ont pourri la vie des malades, détruisant les relations avec les autres (les sautes d’humeur de certains malades de la thyroïde en sont la preuve), d’autres ont faussé l’avenir (examens universitaires ratés pour fatigue intense, permis de conduire refusé, entretiens ajournés).

Demander la reconnaissance d’une maladie invisible n’est pas une aumône. C’est une nécessité. Cette reconnaissance doit passer par l’écoute du corps avant les normes de laboratoire. Avoir face à soi un patient atteint d’une maladie thyroïdienne, l’écouter, prendre en compte ses symptômes comme une vraie souffrance est une des premières priorités. Une malade nous écrivait dernièrement que son médecin ne comprenait même pas comment fonctionnait cette maladie. Je ne lui jette pas la pierre. Il a l’honnêteté de le dire. Mais d’autres préfèrent ne rien dire, se boucher les oreilles, voire pire, juger ! Qui est en droit de juger les autres ? Je vois régulièrement des médecins dénigrant les douleurs des malades, les trouvant trop hypocondriaques, mais ce qui est encore pire, ce sont ces malades qui assassinent les autres malades »

Extrait de Maladies thyroïdiennes, dévoreuses de vie aux éditions Evidence 2ditions.

 

Continuons le combat ENSEMBLE !

 

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( 17 février, 2019 )

Pourquoi je suis satisfaite de ma maison d’édition ?

Là encore, pas de polémique, juste un constat. Trop d’auteurs courent après un contrat, puis grognent une fois ce dernier signé. Je discutais dernièrement avec un auteur canadien qui me disait qu’il n’y avait qu’en France que l’on voyait cela !

Le stéréotype du français jamais content ! Certes, certaines maisons d’édition peuvent  avoir des failles, mais restons lucides, une édition va convenir à un auteur bien plus qu’à un autre, d’où le respect de chacun de ne se plaindre que de « son propre cas » et non de généraliser. Ce qui conviendra à Paul ne conviendra peut-être pas à Jacques. C’est la roue de la vie !

Après, chacun a des attentes différentes selon les éditions, et une fois encore, il faut garder les pieds sur terre. Hier, en regardant passer un bus, je voyais le titre d’un nouveau roman polar placardé sur le côté, et je n’ai pu m’empêcher de penser «  Ah ! Si c’était un des mes bouquins ! » Après je ne suis pas stupide et je ne vais pas allée jouer les auteurs outragés parce que mon livre chéri n’est pas sur un bus ! Ce type de publicité coûte un bras. Peu d’éditeurs peuvent en porter le poids.

Définir ce que l’on veut, ce qui nous plaît me semble important.

Une édition qui me convient à moi, et cela n’engage que moi, est déjà une édition qui n’impose rien, pas de délai pour écrire une suite, pas d’obligation de ventes. Dernièrement, j’ai reçu un contrat d’une grosse ME qui m’imposait une suite à un rythme soutenu à savoir d’un manuscrit par an. Déjà, je suis toujours, pour mes romances, en attente du comité de lectures de chez EE, et secondo, je n’ai aucune envie de m’imposer des chaînes ! Tans pis pour moi si je perds l’occasion de rentrer dans la cour des grands !

Ensuite, une maison d’édition qui se trouve dans l’air du temps est important. J’aime particulièrement chez EE cette ouverture sur les livres audios (même si les miens ne s’y trouvent pas encore), les goodies comme les mugs ou les tapis de souris. Je trouve cela génial côté promotion.

Éternelle positive, ce n’est pas moi qui vous verrez regarder à la loupe un contrat ou qui râlera par derrière. La vie m’a appris à me satisfaire de ce que j’ai, et même si comme le dit si bien la citation, je vise la lune, je sais que je suis bien dans les étoiles !

En tous les cas, vous pourrez justement me retrouver le dimanche 17 Mars au matin au  stand V75 au Salon du Livre Paris …

 

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( 16 février, 2019 )

Que cessent les interprétations !

 

L’homme a la fâcheuse manie à vouloir tout interpréter surtout lorsque « l’autre » n’est pas là ! Récemment, je me suis heurtée à une personne tombée « par hasard » sur un de mes articles, décortiquant mes mots comme s’ils étaient intimement liés à un sombre passé. Interprétation de faits, déformations, j’ai tout entendu ! Alors, qu’on se le dise, les mots n’ont que le sens qu’on leur donne et surtout le pouvoir qu’on leur accorde. Il faut cesser de penser à la place des autres. Le passé n’a que l’importance que l’on veut bien lui donner et m’entendre dire «  Untel, l’ennemi-e a dit ça sur ton article » m’a fait mourir de rire. Simplement parce que la porte est fermée, la malveillance ne peut plus m’atteindre et surtout, je ne pense pas que ce untel ait le temps de s’attarder sur mes petits coups de plume. Que cherchent ces personnes qui interprètent ? Que l’on se le dise, sortir la hache de guerres n’a jamais été ma tasse de thé et ne le sera jamais. J’écris juste pour le plaisir, beaucoup moins ces temps-ci car je m’exprime beaucoup plus avec mon pinceau.

Alors gentilshommes, gentes dames, plutôt que de chercher le grain de sable là où il n’a pas lieu d’être, contentez-vous de vous occupez de vos légumes qui ont bien du mal à pousser au lieu de tenter d’essayer d’arracher les petites graines plantées par les autres !

J’ai fermé des portes, je suis heureuse de ma vie, de mes choix. Cela dérange tant que ça ?

 

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( 15 février, 2019 )

L’amour n’a pas de raison

Notre monde favorise l’importance de l’aspect physique poussant de nombreuses personnes à ne pas s’aimer. Discussion animée dernièrement avec des jeunes adultes masculins qui affirmaient qu’ils ne pourraient jamais tomber amoureux d’une moche !  La féministe que je suis a sorti ses crocs ! Associer juste l’amour à un trait physique est totalement abject, pire dévalorisant et surtout que veut dire « moche », n’est-ce pas un mot totalement subjectif ?

Trop maigre, trop gros, trop petit, trop grand, trop chauve, trop chevelu, la liste des « trop » est longue. L’amour s’apparente ainsi simplement au désir et à rien d’autre.

Et rien n’est pourtant plus important que l’amour …

Je trouve cela terrible une société qui valorise ainsi le culte du « beau » en oubliant que ce beau ne se trouve pas que dans l’apparence. Mais voilà, les gens ne prennent plus le temps de se découvrir. Ils se rencontrent, ils discutent, ils baisent, ils se quittent. Où est l’amour dans tout ça ? Tout est en mode accéléré !

Flasher sur la bimbo ou le beau type aux dents blanches est-ce une garantie de bonheur ? Et je ne parle même pas de ces personnes qui sont prêtes à tout pour se donner l’apparence d’être belles ! Tout étant du à ce sentiment d’acquis qu’ont les humains. L’homme, les pantoufles aux pieds, est certain que sa dulcinée lui est acquise. Fera-t-il des efforts pour être plus séducteur à la maison, mieux habillé ? Non, l’autre n’en vaut plus la peine, puisqu’elle lui appartient. L’inverse est vrai.

Il faudrait que cesse l’idée qu’un couple survit à tout ! Cela n’existe que dans les contes de fées ou dans les contrats de mariage. Mais c’est une erreur.

 

Avec le temps, l’amour va s’appuyer sur beaucoup plus que le physique et le sexe, d’où souvent le désappointement de certaines maîtresses convaincues que leurs chéris vont tout quitter pour elles, parce qu’elles sont plus jeunes, plus jolies. C’est une erreur. L’amour ne s’arrête pas à l’âge ni aux cheveux blancs ni aux kilos pris, l’amour c’est une force qui transcende, qui ne veut pas dire pour autant qu’il faut négliger son aspect physique, mais surtout qu’il faut savoir rester vrai, tout simplement.

Je ne peux parler d’amour sans rebondir sur l’amitié où là, il existe aussi des personnes qui rejettent les autres pour leur physique ou leurs kilos en trop. Mais c’est une autre histoire !

 

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( 14 février, 2019 )

Pourquoi l’école a tant changé …

 

Qu’est-ce qui a tant changé dans nos écoles ? Serait-ce la suprématie de l’enfant-roi ?  Le désintérêt de certaines familles ou simplement l’enfant lui-même ? Malheureusement, peut-être juste une réalité, les enfants ont tout, veulent tout, ne savent pas entendre le non. Et ces parents, tellement formatés à la « psychologie cognitive de leur chérubin » vont toujours abonder dans leur sens.

Avant, les enseignants étaient respectés pour ce qu’ils apportaient, l’instruction. Aujourd’hui, honnêtement, du moment que le petit chéri est gardé et qu’il ne va pas rester à la maison enquiquiner sa maman, cette dernière se fiche complètement si les leçons sont apprises ou si le gamin se tient tranquille.

Avant, les écoles étaient le royaume des enseignants, seulement voilà, on les a ouvertes aux parents. L’idée était bonne au départ, seulement les parents qui proposent leur aide se comptent sur les doigts d’une main. Ah si, s’ils viennent, c’est pour régulièrement casser les pieds aux enseignants parce que le petit chouchou a perdu sa trousse ou son manteau, parce que le copain a malencontreusement poussé l’autre dans l’escalier pour s’amuser. Les parents vont même jusqu’à contester le programme parce qu’ils ont lu sur Internet « autre chose » et ça c’est une source sûre ! Et puis après tout, ce sont eux qui savent ce qui est bon pour leur enfant, allant jusqu’à apprendre à l’enseignant comment faire une division parce qu’ils savent la faire, eux !

Parents procéduriers, de plus en plus fréquemment, démissions, laxismes, ce n’est pas que le monde était meilleur avant, c’est qu’aujourd’hui il part en vrille. Comment un enfant peut-il se structurer sans limite ? Comment un enfant peut-il prendre conscience de la réalité s’il est constamment dès le CP connecté sur un portable ou une console de jeux ? Quand aura-t-il le temps de lire ou de rêver ?

Et je ne parle même pas de ces parents pressés vivant à cent à l’heure, convaincus que l’équilibre psychologique de leur enfant passe par des ateliers sportifs ou culturels chaque soir, le mercredi et le week-end. Mais quand donc l’enfant pourra-t-il simplement prendre le temps de s’ennuyer ?

On assiste alors à des enfants en classe incapables de se concentrer tellement ils sont habitués à l’hyper stimulation.

 

Allons-nous droit dans le mur ? Certainement ! Rendons à l’enfant l’insouciance que nous avions nous à dix ans, respectons leur vie amicale, leurs disputes enfantines, offrons leur des livres, des crayons de couleur et du papier, et surtout apprenons-les à s’ennuyer car c’est dans cet instant magique où l’esprit ne sera pas occupé que vont naître les rêves et certainement des pensées positives et novatrices, celles de l’imagination de demain.

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( 13 février, 2019 )

Ces ordres intempestifs.

Avez-vous remarqué comme les gens s’octroient sans cesse le droit de donner des ordres aux autres ? Je trouve cela déprimant. « Fais un régime ! Cours plus ! Bouge toi ! Appelle-moi ! » et j’en passe. Je suis peut-être de la vieille école mais le « s’il te plaît » a vraiment disparu de notre langage. Comme je suis quelqu’un qui n’aime pas les ordres, je ne fais pas ce que l’on me dit, pourtant ce serait une bonne idée de perdre quelques kilos ou de me bouger. C’est à l’humour que je l’écris, vous l’aviez compris. :)

Et si, au lieu de donner des ordres, nous nous mettions à utiliser des mots qui font du bien. J’ai eu l’immense plaisir de travailler ainsi avec ma dernière maison édition où rien ne m’est imposé, où les suggestions sont posées avec délicatesse. Cela m’a bien changé des ordres que j’avais précédemment rencontrés autant au niveau éditorial que dans la sacro sainte éducation nationale.

Depuis deux ans, j’évite au maximum de donner des ordres violents dans mes classes, même si des limites sont nécessaires voire indispensables. Mais le dire avec bienveillance, en modulant sa voix, en évitant de mettre de l’agressivité, cela passe plutôt bien. Changer sa manière de penser … de dire … peut-être une manière de changer le monde ou les mentalités …

Ordonner avec bienveillance, c’est autoriser l’autre à voir autre chose qu’une agression, peut-être juste un simple conseil …

 

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( 12 février, 2019 )

Mauvais jour.

Lorsque je suis passée, c’était un mauvais jour. Tes mains étaient crispées. Tu semblais dessiner dans l’air des mots que je ne pouvais lire. Je me noyais dans ta déception d’être si peu comprise. C’était encore un mauvais jour, devrais-je dire. Il n’y en a plus beaucoup de bons. Tu as pourtant bonne mine. Certainement parce que tu es bien nourrie. Je n’ai rien à dire, on s’occupe de toi, même si tu n’es plus vraiment là. Tu t’enfonces de plus en plus dans un monde qui n’existe pas. Mauvais jour. M’as-tu reconnue ou as-tu simplement vu un visage qui venait te rendre visite ? Je lis tellement d’incertitudes, tellement d’interrogations dans tes expressions. Ces histoires que tu voudrais raconter et que tu ne peux conceptualiser, ces peurs que tu ne peux exprimer, ce temps que tu n’arrives plus à déterminer. Tu m’as parlé de Noël qui est déjà passé, d’un plaid qui a été perdu. Pourquoi de lui te souviens-tu et non de proches que tu as complètement rayés, de moi ta fille aînée ?

Je déteste ces mauvais jours où j’ai l’impression de me perdre dans tes yeux bleus qui se figent comme s’ils se fondaient avec l’éternité, ces moments où même avec moi, tu n’es déjà plus là, ce temps qui de plus en plus me sépare de celle qui fut, de tes conversations pleines d’humour dans lesquelles tu m’entraînais.

Tu vis rythmée par le quotidien d’un monde aseptisé où tu as perdu toute notion de la réalité. Parfois comme si tu découvrais les mots, tu te rappelles d’une animation pratiquée. Un sourire enfantin se dessine. Tu t’en souviens durant un claquement de doigts, puis tu retournes derrière le miroir, dans un monde que tu es seule à pouvoir traverser. Je ne peux qu’espérer, parmi tous ces cauchemars que cette saleté de maladie te fait vivre, fichu Corps de Lewy, tu trouves tout de même des moments de paix.

 

C’était un mauvais jour, et une fois encore, je suis repartie le coeur brisé de n’avoir pas vu dans tes yeux briller ne serait-ce qu’une petite lumière d’intérêt …

C’était un mauvais jour, mais je me raccroche à l’idée que lors de ma prochaine visite, le temps aura changé, un rayon de soleil illuminera peut-être la journée, alors ce sera enfin un bon jour, même si ce sera certainement un des derniers avant que tu perdes totalement le sens de la réalité.

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( 11 février, 2019 )

Peut-on aller toujours bien ?

 

Il est mal vu dans notre société de répondre « non » si on vous demande si ça va. L’avez-vous remarqué ? Simplement, parce que cette question est devenu automatique, et de ce fait, n’attend aucune réponse. Oser dire, « non, je ne me sens pas bien aujourd’hui » implique que l’autre fasse l’effort de s’arrêter, de vous demander ce qui ne va pas, voire de se sentir obligé de compatir. Je discutais dernièrement avec un médecin qui me disait qu’il rencontrait cette problématique dans son cabinet, alors qu’une personne qui consulte n’y va pas pour passer le temps, mais parce que quelque chose cloche. Seulement, nous sommes conditionnés à ne pas parler de nos malheurs, donc le praticien va se retrouver face à un patient qui parfois va même repartir sans avoir tout dit.

Dramatique, non ? Pourquoi n’arrivons-nous plus à écouter les autres ?

Certes, nous continuons à croiser ceux qui vont se plaindre pour un rien, ceux qui auront dix fois la grippe en un an, cinquante bronchites, mais les autres, ceux qui ne disent rien, pourquoi ne pas les écouter ? Les entendre peut parfois s’avérer aussi salvateur qu’un médicament, parce que le contact humain prime sur une molécule chimique. Alors oui, personne ne peut toujours aller bien. Alors oui, certains matins, on se réveille et tout semble gris. Peut-être effectivement en parler ne servirait à rien, mais si cela dure, oser répondre «  non, ça ne va pas ! » me semble primordial.

Ceux qui comme moi ont une maladie auto-immune savent qu’il y a des jours sans. Avant, je les taisais, prenant tout sur moi. Aujourd’hui, je le dis simplement parce que formuler ce ralentissement ou cette fatigue permet de s’autoriser soi-même à souffler.

Ces baisses de forme ne durant plus aussi longtemps qu’au début de la maladie, je les assume pleinement, pour repartir deux jours plus tard avec une énergie renouvelée.

Quant à ceux qui subissent des baisses de moral ou d’énergie, ne gardez plus ces émotions pour vous. Il fait tristounet dehors, vous avez le droit de ne pas avoir le moral, vous avez raté quelque chose, normal d’être déprimé, vous vivez une date décisive de votre passé, la mélancolie est un passage obligé.

On ne peut pas toujours aller bien, mais par contre on ne doit pas s’enfoncer dans un puits sans fin. Toujours se dire, toujours dire :  « Aujourd’hui, cela ne va pas. Je le dis, mais demain ça ira mieux ! »

 

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