Maladie thyroïdienne et handicap
L’absurdité des dysfonctionnements thyroïdiens est qu’ils ne sont pas reconnus comme des handicaps que vous soyez en hypothyroïdie, en hyperthyroïdie, Basedow ou Hashimoto. Seuls les cancers de la thyroïde peuvent avoir été reconnus, et pas tous. L’absurdité de notre société qui va accepter l’handicap d’une personne ayant eu un cancer thyroïdien et pas les autres. Cela fait plus de dix ans que j’essaie en vain de comprendre, et j’avoue que je n’ai toujours pas réussi. Certains malades sur les groupes Facebook vont parfois polémiquer en statuant que eux, ils ont cette reconnaissance handicap, mais en grattant un peu, on s’aperçoit vite que cette reconnaissance leur fut accordée parce que ces personnes avaient une autre maladie associée de type sclérose en plaque ou Polyarthrite rhumatoïde. Il faut savoir que pour obtenir cette reconnaissance, il faut correspondre à une liste de critères spécifiques établis par la Commission des droits et de l’autonomie des personnes handicapées (CDAPH) de la Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH) de votre secteur de résidence. Là encore l’égalité n’est pas totale. La reconnaissance du handicap permet d’avoir accès à des dispositifs dédiés aux personnes handicapées comme les services et aides financières de l’Agefiph, très importante dans les dysfonctionnements thyroïdiens où de plus en plus de malades se mettent à temps partiel ou se retrouvent obligés de partir en retraite anticipée.
Faut-il rappeler la loi ?
« Constitue un handicap, au sens de la présente loi, toute limitation d’activité ou restriction de participation à la vie en société subie dans son environnement par une personne en raison d’une altération substantielle, durable ou définitive d’une ou plusieurs fonctions physiques, sensorielles, mentales, cognitives ou psychiques, d’un polyhandicap ou d’un trouble de santé invalidant. »
Pourquoi les dysfonctionnements thyroïdiens ne sont pas reconnus alors que l’altération de plusieurs fonctions physiques, cognitives ou psychiques sont bien présentes ?
Trop fréquemment, le critère handicap ne se trouve réduit qu’à l’impossibilité de se déplacer, avec une cane ou un fauteuil roulant. Et les autres ?
Comment faire reconnaître un handicap comme les dysfonctionnements thyroïdiens alors que la liste n’a pas bougé depuis 2006 ?
Nous, les malades de la thyroïde, sommes-nous tellement peu importants ou est-ce simplement parce que nous avons appris à ne pas nous victimiser, à serrer les dents et à minimiser nos symptômes handicapants ?
Faut-il rappeler que plus de 80% des handicaps sont invisibles, qu’ils ont un impact violent parfois sur la vie des malades, et que la reconnaissance peut permettre, enfin pourrait permettre à ce dernier d’améliorer ses conditions de vie.
« À titre de rappel, on dénombre 3 catégories d’invalidité :
Catégorie 1 : la personne est capable de travailler mais à des horaires réduits en raison d’une forte diminution de ses capacités ;
Catégorie 2 : la personne n’est plus en capacité de travailler mais elle conserve un minimum d’autonomie ;
Catégorie 3 : la personne n’est plus en capacité de travailler et a besoin de l’aide d’une tierce personne dans sa vie quotidienne. »
Combien de malades avec un problème de thyroïde seraient soulagés de bénéficier de la catégorie 1 ?
L’invalidité doit être liée à une affection longue durée alors pourquoi la maladie d’Hashimoto qui est une maladie auto-immune à vie , avec des poussées régulières d’anticorps, n’est pas considérée par la MDPH comme handicapante ? Pourquoi l’hypertension, elle, l’est tout comme la dépression ou l’asthme ?
Personnellement, j’ai bien du mal à comprendre !
J’ai longuement discuté depuis dix ans avec ceux qui donnent cet accord, et tous reviennent au point législatif : la loi n’ayant pas été changée, les problèmes de thyroïde ne peuvent être reconnus !
L’association l’envol du papillon dont je fais partie ne lâchera rien, mais c’est un combat de Titan que nous gagnerons un jour, je l’espère !
Ensemble les papillons !