Thyroïde et grossesse
Dernièrement une adhérente m’a gentiment fait remarquer que je faisais rarement des posts sur les dysfonctionnements thyroïdiens lors d’une grossesse. Je reconnais que c’est un sujet sur lequel je n’écris que rarement. Dans « Maladies Thyroïdiennes dévoreuses de vie », plusieurs témoignages alertent sur l’hypothyroïdie faisant suite à un accouchement.
« Je suis une jeune maman de vingt-six ans et suite à ma grossesse, on m’a diagnostiqué une hypothyroïdie Hashimoto post-partum. Je me suis retrouvée donc avec un petit bout de chou de deux mois et une fatigue immense. J’ai été mise sous traitement qui a pris effet au bout de vingt jours avec un léger mieux. »
Ces dérèglements sont courants tout comme à la ménopause.
« Ce fut à la ménopause que l’on me diagnostiqua une thyroïdite de Hashimoto, il y a huit ans. Depuis je suis obligée de prendre tous les jours des hormones thyroïdiennes. On a démarré le traitement avec une prescription de Lévothyrox®50 μg, puis on a dosé, rajusté, et adapté à nouveau. Il a fallu un moment pour que j’aille bien. J’ai plusieurs fois basculé d’hypothyroïdie en hyperthyroïdie. »
Malheureusement, beaucoup de malades de la thyroïde ont des problèmes pour enfanter.
Ce témoignage de Sophie en dit plus que je ne saurais dire .
« Sophie constata un retard dans ses règles et accueillit cette nouvelle avec joie. Quelques semaines plus tard, de violentes douleurs dans le ventre la terrassèrent. Le sang ne lui laissa aucun doute. Elle venait de perdre le bébé. L’optimisme l’emporta vite sur cet échec. Ce sont des choses qui arrivent. La nature, parfois, fait des sélections.
Elle fut de nouveau enceinte, mais refit une fausse couche. À la suivante, complètement effondrée, elle décida de consulter dans un CHU spécialisé en pré- natalité. Chaque nouvelle perte était bien plus qu’une simple déchirure. C’était un véritable morceau d’elle- même qu’elle laissait à tout jamais. Elle voulait ce bébé, de toute son âme. C’était devenu une véritable obsession. Elle accepta de se soumettre à des examens en tous genres. Victoire !
On lui découvrit des ovaires micropolykystiques. Rien de bien inquiétant, mais cette anomalie ne pouvait tout expliquer. Un simple traitement hormonal et tout devrait rentrer dans l’ordre. Sophie se sentit plus légère. Un an après, elle fut de nouveau enceinte. Tout se passait merveilleusement bien. L’embryon était vivace, l’échographie parfaite. C’était un petit garçon. Sophie était heureuse, si heureuse. Le stade fatidique des quatre mois étant passé, elle commença à respirer et se rua sur les pyjamas et les peluches. Puis ce fut le drame. À vingt-deux semaines, sans aucune raison, le bébé cessa de vivre in utero. Commença la chute vers l’enfer.
Elle venait de perdre un enfant. Même s’il n’était pas déclaré viable, il l’était dans sa tête. Elle lui avait donné un nom. Elle l’avait senti bouger. Ce n’était pas juste un simple embryon. C’était un vrai bébé, son vrai bébé. Elle dut faire face à l’indifférence du milieu médical. Pour eux, ce n’était juste qu’une fausse couche de plus. Quel mot horrible! Elle l’avait pourtant vu cet enfant à l’échographie, elle avait entendu son petit cœur battre comme un cheval au galop. Il lui avait donné de violents coups de pieds. Il suçait même déjà son pouce. Et on lui argumentait que ce n’était pas grave, qu’elle n’avait juste pas eu de chance. Incompétents ! Comment un fœtus en bonne santé peut-il mourir sans raison ?
Mais qu’est-ce qui n’allait pas chez elle ?
Elle envoya valser médecins, hôpitaux, tous avec le même discours. Aucune empathie. Elle n’était qu’un dossier, qu’un numéro. Des phrases surfaites : « Tout finirait par bien se passer, gardez espoir, ne désespérez pas. » « Paroles, paroles, paroles ».
Elle n’en pouvait plus. Que pouvaient-ils bien comprendre à sa douleur face à la perte d’un bébé dans lequel on a mis tous ses rêves ? Ces blessures de l’âme détruisent tout sur leur passage. Rien n’allait plus avec Jean-Philippe depuis cette grossesse avortée. Elle avait pris quinze kilos et voyait bien, dans son regard, qu’il ne la désirait plus comme avant. Il ne supportait plus d’entendre parler biberons ou layette. Il avait tout descendu à la cave : le berceau, les jouets. Comme s’il renonçait. Quant à cette fichue date d’ovulation à respecter, il s’y refusait, n’arrivant même plus à bander le jour J, ne pouvant réprimer un air de dégoût en la regardant garder les jambes en l’air après chaque rapport pour permettre une bonne fécondation. Faire l’amour n’avait plus rien de romantique. C’était devenu un calvaire. Ce désir d’enfant menaçait leur couple.
Elle, elle était détruite. Elle ne vivait plus, n’avait plus d’avenir. Elle se sentait une écorce vide, bonne à jeter. Elle n’avait que trente ans et en portait soixante. À quoi bon continuer ainsi ? Quelques comprimés et tout irait bien. Elle allait en finir, définitivement.
Elle n’avait plus envie de se battre. Certaines rencontres ne sont pas anodines. Ce jour-là, Sophie croisa la route d’une amie qui lui conseilla ce spécialiste. Sans elle, elle ne serait pas ici aujourd’hui »
Ce témoignage fut recueilli en 2014. La bonne nouvelle, Sophie aujourd’hui a un magnifique bébé !
Ce sera sur ces mots que je conclurai juste : Ne jamais désespérer !
Courage aux papillons