Suite à mon dernier article sur les éditions, des points de vue différents me sont parvenus en retour, pouvant relancer le débat. Le pilonnage, l’impression à la demande et l’insatisfaction de certains auteurs face à ces pratiques semblent poser problèmes.
Curieuse, je suis partie à la chasse aux informations, et j’ai découvert que sur 10 livres en librairie, 8 partent au pilon, ce qui est énorme côté écologique.
Le rêve de tout auteur est de voir son livre en rayon, partout, seulement en tant qu’humain, que personne raisonnable, voir ces livres pilonnés, n’est-ce pas nuire cruellement à l’écologie ? À l’avenir de nos enfants ?
J’avoue que je ne m’étais jamais penchée sur le sujet. J’ai donc fait une recherche sérieuse, et j’ai découvert que plus de deux cents millions de livres sont mis au pilon chaque année soit un cinquième de la production. Vu sous cet angle, c’est terrible, car on imagine tout à fait la perte financière liée à l’impression de ces livres. Je repense notamment à une discussion privée avec un auteur qui était convaincu que l’impression à la demande était une arnaque. Je le redis, comme chaque auteur, je rêve qu’un de mes livres soit en diffusion nationale, un peu d’orgueil peut-être, ou l’impression d’avoir atteint un but, mais mon côté « écolo » et citoyen, me fait rugir contre ces livres pilonnés.
J’ai donc voulu en savoir plus et j’ai contacté le service de recyclage de ma région, et ouf ! soulagement ! Ce procédé s’avère tout de même écologique, car une grande part de ces livres seront recyclés et serviront à la fabrication de nouveaux matériaux comme du papier hygiénique, du carton, différents types de papier style papier journal.
Selon l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), 50 % des livres imprimés et pilonnés sont recyclés, ce qui constitue un résultat honorable, mais insuffisant. Soulagée, oui, mais lucide. L’impression nationale ne peut-être pourles millions de livres édités chaque année.
Là encore, je vais jouer l’utopique parfaite, et si tous les livres papier étaient fait en papier recyclés ? Ça coince aussi !
On retombe inéluctablement vers l’impossibilité pour un éditeur de prévoir le nombre de ventes d’un livre, donc comment ne pas pilonner ?
L’impression à la demande a ses limites, l’incapacité de fournir un livre dans l’instant, et on a tous vu au moment des fêtes, des futurs acheteurs feuiller un ouvrage puis le mettre dans leur panier, ouvrage qu’ils n’auraient pas pensé à acheter s’ils ne l’avaient pas touché. Des solutions arrivent aux States comme l’impression à la demande directement en librairie sur des imprimantes créées pour cette fonction.
La France ayant toujours un métro de retard, rendez-vous dans dix ans.
Voilà un extrait d’article sur l’impression à la demande.
« Tout éditeur papier traditionnel ne connaît que trop bien les coûts liés à la gestion des stocks, des retours et du pilon de ses livres. Ces réalités économiques font partie des plus grands défis auxquels doivent faire face les éditeurs de livres papier. Avec l’impression à la demande, toutes ces notions disparaissent : l’éditeur ne doit plus anticiper le nombre de livres à imprimer, à mettre en place, il ne doit plus prévoir de coûts de stockage (ou alors ceux-ci sont très minimes) et de retours. D’une part, cela facilite la gestion, de l’autre, cela réduit ses coûts, tout en permettant à l’éditeur de dégager d’autant plus de temps pour l’aspect éditorial et promotionnel de son travail.
Dans un article, F Mériot, directeur général des Presses Universitaires de France (PUF) expliquait : « Nous entrons dans une époque où l’auteur écrit le livre et où le lecteur le fait naître. ». Il explique que l’impression à la demande serait l’avenir du livre, permettant même d’imprimer son livre dans une librairie ou une grande enseigne.
Ainsi, plus de stocks qui imposeraient un pilonnage non écologique. »
Pourquoi la grogne de tant d’auteurs alors ?
Simplement parce que trop d’auteurs sont convaincus d’avoir fait un best-seller et se sentent lésés, et surtout parce que les éditions « connues » comme Grasset, Flammarion etc vont inonder le marché, écrasant ainsi les plus petits, simplement parce que pour eux, un livre n’est plus un livre mais un profit. Ils vont placer leurs auteurs en avant, et les autres seront engloutis.
Cela m’invite à me poser les questions suivantes:
Ne vaut-il pas mieux, effectivement, une impression à la demande écologique que des centaines de livres au pilon ? Une édition plus petite ne devrait-elle pas miser comme lors des courses sur quelques chevaux en impression nationale, car il est évident que miser sur tous s’avèrerait impossible et pourrait faire couler l’édition ? placer juste quelques poulains justement aux côtés de ces grandes éditions ? Ce système ne permettrait-il pas alors plus facilement l’ouverture à l’international ?
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