Lorsque l’on découvre cette fichue maladie, on perd pieds. Longtemps, je me suis sentie coupable d’être tombée malade, comme si c’était ma faute, comme si j’étais responsable de cette maladie. Après est venu le temps de la colère, le « pourquoi moi ? », encore ! J’avais été touchée par la perte d’un de mes enfants, et je pensais stupidement que j’avais assez donné. La réalité me rattrapait.
J’avais bien détecté ces premiers symptômes, une fatigue que je n’avais jamais connue, une lassitude extrême avec une impossibilité de mettre un pied devant l’autre.
Puis il y eut ces cheveux que je perdais par poignées, qui inondaient mon gilet, cette peau qui n’avait jamais nécessité de soins qui était sèche presque craquelée, d’un ton jaunâtre. Tout s’est vite emboîté. La prise de poids, même si elle n’était pas énorme, se dessinait, un visage bouffi, gonflé au niveau des yeux et des paupières. Tout qui partait en vrille. Une intolérance à de nombreux aliments, une digestion difficile, associée à une constipation intense. Dois-je parler de ces douleurs dorsales et cervicales provoquant nausées et vertiges ? De ce coeur qui semblait par moment exploser ? De cette mémoire qui déraillait au point d’oublier à 53 ans le code de ma carte bancaire !
Dois-je parler de cette déprime hypothyroïdienne qui m’empêchait d’avancer, de ce ralentissement permanent qui me faisait penser à un saut dans le temps comme si je venais de fêter mes quatre-vingt-dix ans.
Hyper active, je me suis retrouvée à souffrir pour faire juste quelques mètres jusqu’à mon travail. Avant, je mettais dix minutes à aller à mon école. Après, je mettais plus de vingt minutes et j’arrivais épuisée, essoufflée. J’avais deux étages à monter et je peinais à les grimper.
Ma vie avait complètement changé. N’étant pas de nature à me plaindre ou à me victimiser, j’ai serré les dents. J’ai mis plusieurs années à en parler, préférant répondre simplement « ça va » lorsqu’on me posait la question. Et pourtant, non, cela n’allait pas. Je ne vivais plus comme avant, ne pouvant plus sortir le soir sans m’endormir, même au cinéma avec mon chéri, je m’assoupissais. J’avais honte de ce que la maladie faisait de moi, honte de ne plus être ce que j’étais.
J’ai eu la chance de tomber sur un excellent médecin ayant fait ses études en endocrinologie et dont le mentor continuait à le conseiller sur ces pathologies.
J’ai donc été traitée rapidement. On pourrait croire que soigner un dysfonctionnement thyroïdien revient à soigner une infection avec un antibiotique. Il n’en est rien.
Je me suis vue prescrire un traitement de L_Thyroxine Serb, étant allergique au magnésium. J’ai débuté avec 5 gouttes ( soit 25 ug) puis nous avons monté le traitement de 2 gouttes en 2 gouttes. Mon médecin m’avait expliqué qu’avec Hashimoto, ma zone de confort TSH devait être entre 0,5 et 1 pour être « bien ».
Cela ne s’est pas fait en un jour, et je suis passée par des périodes de véritables découragements.
Mon palpitant a trinqué, faisant monter ma tension très haute associée à de violents maux de tête. Là encore, un vrai parcours du combattant lorsque l’on travaille.
Si je vous raconte de nouveau tout cela au bout de huit ans, c’est pour rassurer les nouveaux malades. On ne meurt pas de la maladie d’Hashimoto, on apprend à vivre autrement. On change ses priorités, ses choix de vie.
J’ai opté pour la retraite anticipée n’étant plus opérationnelle lorsque mes anticorps partaient à l’attaque, provoquant des phases de fatigue et des trous de mémoire.
J’ai également entrepris une thérapie pour stopper cette destruction de la glande, thérapie efficace puisque malgré des anticorps astronomiques, ma thyroïde n’a plus « perdu » du peu qu’il lui reste.
J’ai appris à vivre autrement, à méditer, à me poser, à marcher.
Comme je l’ai souvent écrit, vivre avec Hashimoto, c’est un peu comme avoir épousé un homme contre son gré. On l’a dans sa vie en sachant que l’on ne pourra jamais s’en débarrasser. Mais on peut s’adapter pour vivre avec le mieux possible ! Et surtout ne pas se focaliser dessus.
Aujourd’hui, je vis le mieux possible, je suis heureuse, bien dans mon corps malgré quelques kilos qui me rappèlent cette maladie. J’évite le lactose, j’ai diminué le gluten, je mange bio et surtout j’essaie de ne plus me prendre la tête avec des bêtises !
Je prends mon médicament, sans l’oublier, et surtout, je ne pense qu’à une seule chose, la vie est belle malgré Hashimoto. J’en ai bavé, j’en bave encore par moments mais je suis en vie !
Courage les papillons !
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