Hashimoto et la mémoire
Nombreux spécialistes considèrent la maladie d’Hashimoto comme bénigne et pourtant les malades atteints en souffre. Outre la fatigue, un des points les plus handicapants reste la mémoire. La thyroïde, en hypo, va ralentir le système endocrinien, s’attaquant à notre mémoire en générant des troubles divers et variés.
Dernièrement, une relation travaillant dans un institut spécialisé pour malades de la mémoire m’a raconté s’être occupée d’une résidente de soixante-deux ans diagnostiquée atteinte de sénilité précoce. La brave dame était toujours fatiguée avec d’énormes trous de mémoire. Au bout de six mois, son état s’aggravait, perte de cheveux, jaunisse etc. L’aide soignante, que je connais, osa, discrètement demander si la dame ne pourrait pas avoir un bilan TSH. On lui répliqua avec mépris que ce bilan avait déjà été fait et que la patiente était dans les normes avec 4,25. Ne lâchant pas le morceau, elle-même atteinte d’Hashimoto, elle insista et demanda la prescription des tpo, faits avec réticence. Bingo ! La malade était bien Hashimoto et fut immédiatement transférée dans un centre de soin. Un an après, elle a pu retourner vivre chez elle ! Que dire ? Qu’elle sera peut-être un jour Alzeihmer ou autre mais qu’il serait temps de ne pas laisser de côté les autres signes.
Tout médecin ayant fait la fac de médecine sait que un dérèglement de la thyroïde induit des soucis de mémoire, des dépressions, des sautes d’humeur. Pourquoi se contentent-ils donc de ne chercher que cette fichue TSH ?
Perdre la mémoire est une chose terrible, buter sur ses mots, se sentir confus est une vraie souffrance pour un malade pouvant justement le conduire à une dépression. Il faut agir avant les signes ! Je pense que chaque personne ayant une TSH un peu haute , recherche qui devrait être aussi systématique qu’un frottis, devrait automatiquement avoir une recherche d’anticorps.
On ne badine pas avec notre équilibre et je suis convaincue qu’un bon diagnostic éviterait même des dépenses sécurité sociale inutiles.
Ne pas minimiser la souffrance d’une personne qui oublie, cherche, n’arrive plus à réfléchir. C’est dur ! On croit devenir fou surtout lorsque l’on n’est pas encore en âge d’être bonne à la casse.
J’ai eu l’immense chance de rencontrer un médecin compétent lorsque je fus diagnostiquée. J’aime le redire car ce fut pour moi un choc terrible. Hormis les troubles de mémoire, la difficulté parfois à trouver mes mots, je me suis mise à inverser sans en avoir conscience les syllabes. Croyez-moi, c’est très angoissant, même si cela faisait beaucoup rire mes élèves à l’époque. Si j’étais tombée sur un incompétent, je suis certaine qu’il m’aurait mis en arrêt pour dépression ou troubles psychiatriques. Certains jugent si vite un comportement sur le paraître sans l’analyser. J’ai eu un bon toubib qui m’a immédiatement fait une rechercher de la TSH et des anticorps. Le diagnostic fut posé vite et le traitement bénéfique même s’il me fallut plus de dix-huit mois pour stabiliser mes hormones thyroïdiennes.
Mon combat reste donc toujours le même trois ans après, une reconnaissance de cette maladie car nous ne sommes pas égaux, chacun ressentant des symptômes différents plus ou moins invalidants, un dépistage systématique d’Hashimoto, un recul face aux normes de labo, un nouveau regard du milieu médical qui pense trop souvent que cette maladie est « psy », jusqu’à ce qu’eux-mêmes ou un de leurs proches en soit atteint.
Non, personne ne doit baisser les bras ! Il ne devrait plus y avoir de malades dépistés trop tardivement et se retrouvant sans travail.
La vie est belle. Il faut s’y accrocher et ensemble, on fera évoluer les traitements, la relation à la maladie.