L’importance d’un premier roman
Tout auteur vous le dira, ce premier bébé publié reste un souvenir inoubliable, un accouchement, celui des mots. Peu impressionnée s’il a marché ou non, il a été. C’est également mon ressenti pour mon premier polar. L’écriture du manuscrit s’est fait à mains multiples, même si c’est ma plume qui a fait le maximum. Je ne revendique ni les idées ni le déroulement hormis la fin. Tout comme les personnages en dehors d’Antoine et d’Adelyse ne m’appartiennent pas. J’ai adoré ce travail collégial sur des mois et des mois. Des brouillons, nous en avons faits, parfois bien éloignés du résultat final, des revirements également. Je serai éternellement reconnaissante à mes collègues pour leur investissement. Rouge a rebondi dans diverses éditions et collections. Et puis, le dernier éditeur a fermé définitivement sa collection polar’ préférant les collections plus à la mode . ( érotique, libertine etc). Eh oui, le polar se vend moins que le sexe !
Au final, mes droits me furent rendus, le livre dépublié et la vie a continué jusqu’à ce qu’une bibliothèque dans ma nouvelle région me demande ce roman. J’ai pris conscience de l’importance du « premier » tome. Rouge a été souvent rangé dans le simple polar, et pourtant, il est bien plus que cela ! Rouge, c’est le pivot de toute cette saga des couleurs où on découvre l’essence même, à savoir qui est Antoine Bourgnon,
Adelyse et les autres.
Pour l’anecdote, j’ai eu des retours de personnes un peu « frappées » convaincues que ce polar était autobiographique, voire qu’ils étaient les héros du livre. Quand on est auteur, on en entend de sacrées âneries ! Un roman reste un roman, et c’est ce qui fait sa magie, bien tordue. L’effet collégialité a permis ces noeuds bien emmêlés, et cela reste pour moi une vraie réussite. Je reconnais que pris cette émotion, nous avions un peu zappé le côté orthographique. Les mots semblaient tellement plus importants.
Voilà pourquoi, j’ai repris intégralement le manuscrit afin de l’épurer. Je me suis aperçue que de plus en plus, les romans trop gros ( la première parution faisait 450 pages) lassaient, même s’ils étaient bons. La nouvelle génération aime les romans qui peuvent se lire vite, n’importe où, sur un téléphone.
J’espère avoir réussi.
Je ne pense pas refaire toute la série couleur, faute de temps et d’envie, mais je peux vous garantir qu’Antoine Bourgnon n’est pas encore mort !