Je n’avais pas tourné la clé.
La vie nous fait croiser des routes différentes, des coups de coeur qui malgré le temps restent, des scénarios qu’inconsciemment nous reproduisons, sans trop savoir pourquoi, tout en nous disant à chaque fois, plus jamais ça, et parce qu’un jour, une image, un fichier retrouvé, une petite carte avec une signature, tout nous revient avec violence.
Ce sont ces possibilités qui m’ont inspirée …
Cette porte fermée est comme un voile qui s’est infiltré entre notre destin et nous, irréelle, immatérielle, cruelle. Je n’ai pas tourné la clé, jusque claqué la porte, afin de regarder de nouveau la vie avec des yeux émerveillés, afin de ne plus voir la noirceur dépasser, afin de rayer les souvenirs, pour un temps, celui qui m’était nécessaire.
Toi, vous, l’ami, l’amant, l’amoureux, la confidente, l’amie intime, peu importe, toi qui as un jour cogné sans recevoir de réponse, sache que j’avais juste besoin de ce temps de pause, besoin de fermer cette porte, de déchirer le voile du passé, de m’autoriser à ne plus penser, à oublier ces tentacules qui limitaient ma vie.
Un jour, j’ai claqué la porte, sans faire beaucoup de bruit, juste en te sortant de ma vie. J’ai effacé mes actes manqués, ces mots que je n’ai pas su dire, ces mains que je n’aurais pas dû serrer, ces épaules sur lesquelles je n’aurais pas dû pleurer. J’avais tellement envie de croire que je ne m’étais pas trompée, que ton sourire n’avait pas été une illusion, que mon coeur n’avait pas tambouriné sans raison.
J’ai attendu longtemps, si longtemps que je me suis égarée, t’appelant dans mes pensées, te dessinant dans les chansons écoutées, t’enfermant dans mes mots gardés secrets.
J’espérais.
Et puis, un matin, j’ai regardé cette porte entrebaillée. En colère, je l’ai claqué. Les murs ont tremblé. Pourquoi aurais-tu voulu que je la laisse ouverte ? Pourquoi perdre mon temps à t’attendre ? Le sablier s’était tant de fois retourné. Si tu n’es pas revenu danser dans ma vie, c’est que pour toi, je n’existe plus.
Alors j’ai fermé la porte juste pour prendre mon envol, pour faire un vrai choix, pour gonfler les voiles de mon destin. J’ai avancé. Sans toi. Sûr de moi. J’ai changé. Seul le vide que tu as laissé ne s’est pas comblé. Je ne t’ai pas oublié. Tu n’es pas une personne que l’on oublie. On dit que le temps guérit de tout, offre l’oubli. Tu es l’exception.
Sur cette mer déchaînée qu’est la vie, je voulais juste te dire que si nos embarcations, un jour, qui peut savoir, se croisent, pas d’inquiétude, ma porte restera fermée, je ne forcerai pas à rentrer, mais si par miracle, tu en as envie, n’hésite pas à tourner la poignée, car je n’ai pas tourné la clé.