Ces mots que l’on détourne.
Les médias parlent sans cesse des femmes battues, violées, de ces regards détournés, et j’ai honte pour notre pays qui n’arrive plus à regarder les autres avec humanité. Il existe une autre violence, cachée, celle des mots détournés. Que l’on soit auteur ou simplement une personne lambda, voir ses mots changés, manipulés, est une violence que seuls ceux qui l’ont vécue peuvent comprendre.
Je pense à une amie qui s’est retrouvée cataloguée « d’agressive » alors que c’est une personne d’une sensibilité extrême, une autre qui porte depuis des années une étiquette simplement parce qu’elle ne fut pas comprise, telle autre qui va voir les personnages de son roman se retourner contre elle. Et la liste est longue.
Je m’interroge ! Serait-ce notre monde qui est fou ou bien nous qui le sommes à ne plus comprendre les autres ?
Prenons simplement le verbe « aimer » qui reste le plus beau verbe de la langue française. On a l’impression de nos jours que simplement le prononcer nous pousse dans les orties. Aimer est un mot noble, fort, pur, et je reste sans voix en découvrant régulièrement que pour certains, ce mot est exclusivement lié à une relation sexuelle ou amoureuse. Et bien non ! J’en ai assez de voir ce mot détourner. Aimer, c’est simplement se mettre en communion avec la vie, c’est ouvrir des portes que l’on pensait fermer, c’est apprécier des situations que l’on n’avait jamais soupçonné vivre.
J’aime mes amis, j’aime mes lecteurs, j’aime ma famille, j’aime cette vie sur laquelle je marche pourtant en équilibre. Quand on évolue dans cette vie, on arrive à donner la même force à ce verbe aimer simplement parce qu’il est une véritable clé, celle qui va nous ouvrir aux autres, en toute transparence, en toute impunité, en toute sincérité.
Alors, esprits tordus, mal embouchés, ne détournez pas mes mots pour mieux m’assassiner ! Aimer n’est pas diabolique ni démesuré, aimer, c’est simplement avoir cette sensation que l’autre va nous aider à franchir une étape dans notre vie ou l’inverse. C’est pour cette raison qu’avec toi, mon lecteur, je conjugue le verbe aimer, car chacune de nos rencontres même insolites m’aide à avancer.