L’importance du père pour sa fille est un lien très particulier qui se créé dès l’enfance, une histoire d’amour unique, où le papa est bien plus qu’un héros, il est le premier amour de sa fille, amour sublimé, unique, presque transcendant. Quelle adolescente n’a pas dit avec une pointe de fierté à sa mère : « Tu es jalouse de moi parce que papa m’aime plus ! » Cette construction psychologique est indispensable à l’équilibre de chaque fillette. Cette relation idéale va couper le cordon de l’enfant avec sa mère, relation fusionnelle depuis la conception. De « maman- bébé », on passe à « papa-fillette ». Ce syndrome d’Oedipe ( voire d’Electre) va pousser la jeune demoiselle à aimer son père sans limite. Certainement le plus bel amour et le plus noble.
Seulement, beaucoup de filles n’arrivent pas ensuite à retrouver un homme aussi bien que leur père, et vont aller de déceptions en déceptions.
En grandissant, on ne perd nullement cet amour inconditionnel, unique. Le père reste le pilier, l’arbre qui nous maintient debout. Il est solide. Seulement parfois la vie nous joue un sale tour, et le père disparaît. L’arbre n’a plus de branche. Comment peut-on survivre sans lui ? On tente de se raccrocher à des brindilles mais le manque est là, notre père n’est plus.
J’ai perdu mon père il y a plus de vingt-cinq ans en cinq jours. Il n’avais que 57 ans. Je n’étais pas préparée à sa disparition. C’était un homme fort, un vrai, indestructible, un artiste qui illuminait ma vie. Je n’avais pas besoin de lui téléphoner pour qu’il vienne me voir, il sentait que j’avais besoin de sa présence, de son humour, de son énergie positive. Et soudain, je me suis retrouvée orpheline « de lui ». J’étais déjà une mamange et je me retrouvais une fille sans père. Injuste ! Inconsciemment, je l’ai cherché dans les mains « dites amicales » qui me serraient, voulant malgré moi, retrouver cette force unique, cet amour pur qui nous unissait. Certains hommes en ont joué, c’est tellement facile de s’octroyer une telle place et d’en tirer une certaine satisfaction. L’admiration est toujours plaisante, et un transfert tellement vite fait. Seulement, trop d’individus ne comprennent pas cette limite, on ne couche pas avec « son père », donc l’amitié doit rester de l’amitié.
Il m’a fallu une aide thérapeutique pour accepter cette réalité, personne ne pourra jamais remplacer mon père, et c’est certainement une bonne chose. J’ai une vie sereine, des projets, des passions que je lui dois, mais je l’ai laissé partir …
J’espère un jour le retrouver si « un après » existe … en tous les cas, il restera toujours mon premier véritable amour de gamine, celui où l’amour Était , tout simplement.
Je souhaite à chaque fille d’être autant aimée par leur père que je le fus, par le mien.
