Pourquoi trop souvent, on n’ose pas dire que l’on est auteur ?
Tout comme de nombreuses personnes avec qui j’ai discuté dernièrement sur ce sujet, en société, je peine à dire que je publie des romans, comme si c’était un peu honteux. Est-ce la peur de capter une lueur ironique dans le regard de l’interlocuteur ou simplement une certaine pudeur ? Ou un désir de conserver ce « secret » pour me préserver moi-même ?
Personnellement, écrire n’est pas pour moi un métier, d’abord parce que je n’en vis pas, que mes droits d’auteurs sont si maigres qu’ils ne servent qu’à faire plaisir à ma famille, mais surtout je ne porte pas sur mon front l’étiquette « écrivain » et je n’ai aucune envie de la porter un jour. J’ai fait des études, j’ai une profession pour laquelle j’ai donné des années de mon existence, beaucoup d’énergie, alors que pour moi, l’écriture n’est juste qu’un simple passe-temps, un moment de plaisir. Je n’écris pas pour prendre une valise et promouvoir mes bouquins à travers le monde, ni pour voir mon nom en lettres d’imprimerie sur une affiche, cela me rendrait dingue et me ferait certainement perdre mon inspiration. J’aime rester dans l’ombre. Je n’aime ni les salons ni les dédicaces, juste mon petit cocon familial douillet.
Après, il existe de véritables raisons pour lesquelles certains auteurs rechignent à parler de « leur profession », dont la principale est ce regard que pose les autres dès que l’on admet que l’on écrit. Énoncer que l’on est capable d’inventer des histoires, c’est un peu se retrouver cataloguer dans le registre « artiste », « dérangé », « hors norme ». Publier des albums pour enfants, l’auteur se retrouve dans le registre « infantile ». Combien de fois, ai-je entendu lors de réunions littéraires en médiathèque qu’un auteur jeunesse n’était pas un vrai écrivain ! Écrire un roman érotique n’est pas mieux ! Si vous êtes une femme, vous vous retrouvez directement mise dans la case « fille facile ou filles fantasque ». Et je ne parle même pas de certains lecteurs bien pensants qui vont cracher sur les auteures de romances amoureuses comme celles de la collection Harlequin. Et pourtant ! Il n’y a pas de « petits livres » comme de « petites lectures ».
Je m’insurge contre ces stéréotypes réducteurs. Nous sommes de nombreuses plumes à publier sous pseudo lorsque nous nous heurtons à des critiques trop virulentes.
J’écris depuis toujours, depuis mes treize ans, j’ai débuté véritablement l’écriture par des nouvelles « un peu cruches » comme diraient certains, il y a plus de dix ans ainsi que par des nouvelles érotiques, mais je n’ai jamais osé les envoyer autrement que sous pseudo. J’ai même eu une nouvelle qui fut extrêmement bien placée au Canada, mais personne ne l’a su ! Imaginez un peu la réaction de parents d’él apprenant que l’enseignante de leur enfant écrivait des histoires coquines ! Un pas et les gens mélangent l’histoire et l’autobiographie, alors que je n’écris jamais rien d’autobiographique. J’ai tellement donné dans la délation gratuite, que j’ai mis une croix sur ces styles littéraires
Alors, non, en société, je ne parle jamais ni de mes livres ni de mes peintures, je me contente de rester dans une conversation classique souvent liée à l’enseignement, mon véritable métier, permettra également de nombreuses critiques également , mais j’y suis habituée ou j’écoute les autres, simplement. Je garde pour moi mon jardin secret afin de simplement ne pas perdre cette petite flamme que j’essaie de préserver au maximum, la magie de l’inspiration.