#dénonce ton … La campagne contre le harcèlement bat son plein, et c’est bien. Trop souvent, on n’entend que des critiques méprisantes envers les femmes victimes de harcèlement. « Elles l’ont bien cherché ! » « Que voulez-vous, elle est folle, regardez-moi, je suis quelqu’un de respectable », « Elle n’avait qu’à ne pas s’habiller ainsi ! » , « Est-ce que c’est ma faute si elle est si faible ? » Je ne parlerai même pas du harcèlement conduisant au viol, juste du harcèlement moral que nombreuses femmes rencontrent dans le monde du travail, dans les relations amicales voire conjugales.
Ce sont ces regards qui ne nous lâchent pas, cette présence omniprésente qui n’a aucune raison d’être, ces interpellations pouvant être violentes, agressives. Le harcèlement moral est un fléau de notre société, l’arme absolue.
Faire face est presque impossible pour la victime qui se sent déjà coupable de ne pas avoir la force de dire non ou de réagir, qui avait confiance, qui ne sait plus où est la vérité. L’autre alors agit indirectement, sournoisement, oscillant parfois avec une subtilité perverse, usant de gentillesse puis des mots, ces mots qui détruisent, souvent dits par derrière histoire de ne pas se salir les mains.
On en sort détruite, complètement, parce que l’autre a voulu nous faire croire que nous étions la cause de tout, que nous étions une erreur sur cette terre. En général, cet autre, nous le connaissions, nous l’apprécions, donc il ne pouvait qu’avoir raison.
Ces personnes sont des manipulatrices qui agissent avec brio sans jamais se faire prendre, pire souvent en retournant la situation et en se faisant passer pour la victime.
Elles refuseront toute critique, toute remise en question, toute confrontation directe. Ses messages passeront par des tiers, prêchant le faux pour le vrai, interprétant, sortant de leurs chapeaux toutes sortes de rebondissements. La victime, elle, souvent naïve, oscillera entre l’envie de croire et la peur, la honte surtout.
Le harcèlement atteint toujours son objectif, que ce soit au travail ou dans la sphère privée. La victime va se détruire de l’intérieur, car elle est totalement impuissante à se défendre. Le corps n’est pas fait pour vivre un stress constant, et son seul moyen de défense est de dire stop. Il parle à notre place.
S’en sortir ? C’est très long. Je l’ai vécue, j’y ai perdu ma thyroïde, la confiance que j’avais en moi, le plaisir de travailler, jusqu’à des dégâts sur mon coeur qui lâche petit à petit.
On peut s’en sortir, la preuve, je m’accroche et j’y travaille depuis presque trois ans, mais même si j’arrive à maintenir ma barque, je ne peux éviter qu’elle prenne régulièrement l’eau. Les mots, les situations, le chaud-froid restent inscrits à jamais m’incitant à me replier sur moi-même. Dire que j’étais si sociable avant ! Et puis il reste cette colère que j’ai envers moi-même, pas envers « eux », juste envers moi pour avoir été une cible si facile. Je suis responsable de ma faiblesse, de mes mauvais jugements, de mes mauvais choix.
J’espère pouvoir un jour ne plus regarder derrière moi, cesser de frôler les murs.
Le harcèlement moral doit cesser, il ne doit pas être pris à la légère. C’est une terrible souffrance qui laisse des traces à vie. Prendre le pouvoir sur une femme parce qu’elle est une femme ne devrait pas exister. Il faut casser les préjugés tenaces. Une femme ne sourit pas à un homme parce qu’elle veut coucher avec, elle n’est pas amie avec un homme parce qu’elle a envie de lui, elle n’a pas à subir la jalousie parce qu’elle réussit où d’autres échouent. Une femme est libre de ses choix, d’avoir un grain de folie, celui d’offrir de l’affection sans rien vouloir en retour, et surtout elle a aussi le droit de dire non. Stop au harcèlement, à la manipulation perverse, car la santé est un bien précieux, et honte à ceux de l’ombre qui détruisent pour combler un vide dans leur vie et ainsi mieux vivre. Qu’ils trouvent une autre occupation plus saine !