Le burn out, ça craint ! Moi, enseignante …
Longtemps, je fus une passionnée, privilégiant même mon travail au détriment de ma vie familiale, allant le week-end préparer des jeux de pistes pour mes élèves, recherchant des projets novateurs leur permettant de mieux apprendre, lisant des dizaines d’ouvrages pédagogiques pour être le plus proche des besoins. Et puis, il y a peu de temps, on m’a coupé les ailes. Ce fut violent, agressif, méchant. Le résultat s’est dessiné en quelques mois, j’avais perdu cette passion. Que l’on se rassure, j’adore toujours mon métier, mais j’ai perdu l’énergie pour le faire. Heureusement que je suis à cinq ans de la retraite, mais j’aurais aimé finir épanouie par mon travail. Comment cela serait-il encore possible ? Nos classes sont de plus en plus surchargées avec des élèves de plus en plus difficiles, de plus en plus irrespectueux.
Lorsque j’ai débuté dans l’enseignement, j’avais vraiment la foi, et des classes qui avaient envie d’apprendre, et surtout des effectifs « corrects » de maximum 22 élèves. Aujourd’hui, ces pauvres enfants sont serrés comme des sardines dans une classe, tellement sollicités par d’autres choses, bien plus passionnantes comme les jeux vidéos ou les manga en streaming, qu’une leçon d’histoire les ennuie à mourir ! Ah, c’est sûr que si nous avions comme matière « les jeux vidéos » nous aurions plus de succès !
Un enseignant sur six frôle en 2017 le burn out, et cela n’inquiète ni nos supérieurs hiérarchiques ni notre ministre, et pourtant ! Cela m’affole quand je lis qu’il y a vingt ans ce n’était qu’un enseignant que vingt ! Cherchez la faille !
Il m’aura fallu vingt-cinq ans de carrière pour flirter avec ce burn out, une claque que je viens de prendre, stress, hypertension, AVC heureusement sans conséquence, mais la prochaine fois ?
Vers qui se tourner quand la soupape explose ? Il faut bien les tenir ces fichues classes ! Dédoubler les CP, et les autres ? Je serai ravie d’avoir un autre enseignant pour m’assister avec mes CM2.
Les démissions d’enseignants ont quadruplé en quatre ans. Encore un indicateur de la maladie qui gangrène notre système.
Les avantages ? Nous n’en avons plus en dehors des sacro-saintes vacances. Plus de plan de formations, pas de possibilité de mutation vers une autre profession, aucune médecine du travail, pas de possibilité de prendre un jour de rtt comme les autres métiers pour aller voir un spécialiste ( les autorisations sont au bon vouloir des académies), plus de mercredi pour une majorité des écoles, et les indices bloqués.
Le chômage ? Nous n’y avons pas droit.
Quelle option ?
Honnêtement ? Partir vers une autre orientation ? Le nombre de possibilités est infime, et je doute qu’à cinq ans de la retraite, on m’offre ce droit.
Je ne supporte plus cet insolemment, même dans une grosse école, nous n’avons pas le temps de nous parler, et je ne parle pas des relations tendues avec les parents jamais contents, toujours à critiquer, la non-reconnaissance de ce métier qui reste tout de même pour moi un des plus beaux métiers du monde.
Je suis sur la ligne rouge du burn out, mais je refuse de mourir pour une administration qui s’en moque. Alors, je ferai dorénavant ce que je peux, le mieux que je peux, mais sans tirer sur cette corde sur le point de casser. Et j’aimerais vraiment que l’on s’interesse à notre profession autrement qu’en ne parlant que des vacances !