( 2 octobre, 2016 )

Les promesses

Nous passons notre vie entière à faire des promesses que nous n’arrivons pas à tenir.
Les serments éternels, les promesses sur le lit des mourants, celles offertes aux enfants pour les calmer, et au final, que reste-t-il de ces belles paroles, pourtant sincères au départ ? Que du vent !
Je fais partie des grandes naïves de cette planète qui ne font pas de promesses en l’air. Je pèse toujours mes mots que ce soit en amour ou en amitié, ne m’engageant que si je suis certaine de ne pas être sur des sables mouvants, simplement parce que casser une promesse sans explication est pour moi un acte cruel. Nombreuses personnes s’en moquent, pas moi. Petite, j’ai attendu des années une promesse d’une personne de mon entourage familial, promesse que l’adulte avait oubliée, pas moi. J’ai été très triste le jour où j’ai compris que pour l’autre, ce n’était rien. Une promesse, ce n’est justement pas rien, c’est un engagement tacite que l’on offre, un geste de pure confiance. « Je te fais cette promesse parce que je crois en toi ! » Ne pas respecter cette promesse, c’est rompre cette confiance. Je déteste cela. Je suis peut-être un dinosaure, mais lorsque je fais une promesse, je l’honore toujours, sauf si la vie m’en empêche. Cela m’est arrivé dernièrement, une promesse sincère, un engagement profond, mais trop de douleurs s’étaient superposées à cette promesse.
Par respect je l’ai rompue, parce que je n’avais plus cinq ans et que je ne pouvais passer ma vie à attendre. Je pensais être plus sereine ensuite, ce ne fut pas le cas. Je me sens triste comme si j’avais échoué, comme si j’avais brisé un morceau de rêve, comme si j’avais verrouillé une porte. C’est une réaction stupide, il faut être deux pour qu’une promesse aboutisse, et je n’ai pas à me sentir seule coupable, et pourtant, je m’en veux d’avoir un jour promis et de ne pas avoir eu la patience d’attendre encore un peu. Cela me fait penser à une citation de Claustria de Régis Jauffret
« Après tout, les promesses non tenues sont les plus belles. Elles permettent à ceux qui les ont entendues de faire un beau rêve qui ne coûtera en définitive rien à personne. »
Seulement, pour certains, le rêve est source d’espoir, et je donnerai n’importe quoi pour retrouver ce morceau de nuage, parce qu’au fond, si on compte vraiment pour une personne, que ce soit un ami, un amour, une personne de sa famille, on sait tous qu’elle gardera toujours sa promesse en veilleuse quelque part, au fond d’elle, bien cachée, peut-être, mais bien réelle, pour le jour où …

( 1 octobre, 2016 )

Se pardonner

Pardonner », « Oublier », des mots qui s’écrivent un peu partout comme du miel dans les journaux prônant le zénitude, seulement voilà, si c’était tellement facile, il y aurait bien moins d’eaux qui couleraient de nos yeux. Pardonner a une connotation très spirituelle au final, le côté « gentil » en nous qui nous incite à passer l’éponge sur les moments pénibles de notre vie. Oublier, c’est un cran au-dessus, une façon de rayer définitivement l’autre ou une situation de sa vie, comme si elle n’avait jamais existé.
Est-ce aussi simple ? J’ai tendance à penser, et cela n’engage que moi, que toute personne saine d’esprit, emphatique, peut pardonner facilement, avec le temps, simplement parce que le recul va lui offrir, tel l’objectif d’un appareil photo, une nouvelle vision des choses. Souvent, cet angle que l’on découvre est surprenant. Le tableau est différent, le sens même peut-être changé. L’oubli peut ensuite s’avérer nécessaire si la personne a besoin d’avoir son espace pour avancer.
La difficulté n’est pas dans Pardonner, mais dans SE pardonner. Une autre paire de manches où là, on se trouve soudain face à son moi profond. Mon monde a explosé, j’ai perdu mon travail, j’ai perdu l’homme que j’aimais, je suis dépressive, cela m’arrange bien de dire que j’ai pardonné à toutes ces personnes, cela fait de moi une personne meilleure voire une victime, situation au final pas si désagréable. Je suis la « pôvre fille » qui n’a jamais eu de chance. Faut cesser ce genre de réflexions complètement égocentriques, on a toujours le choix, on est défini par ces choix. Si j’ai perdu l’homme que j’aimais, c’est que j’ai accepté cet état de fait, soit en refusant de me battre pour le garder, soit en l’aimant mal ( trop aimer n’est pas aimer), soit en tombant dans un cercle infernal dans lequel je me suis noyée, et ce n’est pas à ce type, même si c’est un parfait salaud, que je dois en vouloir, c’est moi et moi seule que je dois pardonner. Je dois accepter d’avoir trop aimé, d’avoir mal aimé, d’avoir peut-être par orgueil, par protection refusé de dire les mots qui auraient tout changés.
Se pardonner, c’est s’autoriser à tourner une page sans la déchirer, c’est pouvoir prendre un stylo mauve et remplir de nouvelles lignes, c’est entrebâillé une petite fente où tout peut arriver, si l’autre, lui, arrive aussi à se pardonner …

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