l’équilibre
Une lectrice m’envoyait un message fort drôle, il y a quelques jours en me demandant si j’existais vraiment. Bonne question ! Suis-je quelqu’un ? Blague à part, bien sûr que j’existe ! Je l’ai déjà dit des dizaines de fois, je suis une simple enseignante bossant dans l’ombre, sans faire trop de bruit ( sauf si on vient me prendre la tête ), je suis aussi une maman très occupée par la réussite de son petit dernier baignant en plein dans l’âge ingrat, celui des ados. J’ai une vie en dehors de mon milieu professionnel, que je laisse de plus en plus au portail de mon école. Je suis une addict des séries télés américaines, des livres en tous genres que je dévore tout autant que les tartes au citron meringuées. J’aime ma vie, j’aime écrire, à la folie même si je suis très prise ces derniers jours par l’avalanche de romans à lire pour le prix Fontcombe. Étonnant pour quelqu’un qui n’existe peut-être pas ? C’est certain que ce n’est pas moi qui vous verrez traîner les chaussures dans les salons de France et de Navarre, à l’assaut des clients. Je déteste ce côté marketing et si je me déplace, ce sera toujours pour y croiser un ou une amie auteur ! Je ne suis pas un écrivain passant ses journées à siroter café sur café ( d’abord je déteste le café !) tout en noircissant du papier. Je suis une femme qui vit tout simplement, cultivant ses relations amicales avec tendresse, gardant son jardin secret et le protégeant face à la méchanceté de ce monde. Si par hasard, vous me croisez un jour dans la rue, je serai la même que celle des réseaux sociaux, je ne porterai aucun masque, je serai juste moi. Donc, oui, chère madame, j’existe ! Et j’espère surtout que j’existe pour de nombreuses personnes, du présent, voire du passé qui se souviennent encore de moi avec nostalgie. Quant à savoir si j’existe avec un grand E, à partir du moment où je vis dans le coeur de quelqu’un, la réponse est oui ….
À 24h de la fameuse Pleine Lune, je m’interroge sur la face cachée de la lune, zone inconnue, dans l’ombre et pourtant ayant sa pleine existence. Un peu comme les personnes dont on ne connaît qu’une face et qu’un jour, explose en plein jour leur autre côté, leur autre face, leur double personnalité. Ce peut-être votre meilleur ami, votre compagne, votre conjoint, votre patron. Peu importe au fond, un jour, le masque se fissure, se craquèle jusqu’à disparaître complètement. L’honnêteté est de ne pas se cacher derrière un masque, de ne pas porter un visage qui n’est pas le sien et surtout de rester toujours soi-même. L’homme ne devrait pas tenter de ressembler à la lune en ayant une face cachée. Il devrait juste être lui.
Nombreux sont les auteurs, dont je fais partie, qui n’hésitent pas à mettre en scène des héros sexuellement libérés mais qu’en est-il du monde où nous vivons ? Je remarque dans les nombreux retours que je reçois que la liberté sexuelle des années Peace and Love est bien loin. Chaque individu est unique avec ses propres normes, son propre désir, qui n’est et ne doit être critiquable. Je constate pourtant une réalité, un appauvrissement du désir, en particulier chez les quatras. Est-ce à cause des médias, d’Internet qui bombardent chacun d’entre nous d’images ou de scènes plus ou moins érotiques ? À cause du travail de plus en plus prenant ? Une chose est sûre, on assiste au sevrage des femmes et des hommes en limitant le pouvoir des mots. Nous sommes au XXIe siècle, et pourtant, une femme revendiquant son autonomie sexuelle, son désir pour un homme se retrouve cataloguer de noms guère sympathiques, un homme reluquant une femme qui n’est pas la sienne sera un salaud ou un pervers. Stupéfiant, non ? Connaissons nous l’histoire de ces personnes pour les juger ainsi ? Et le désir dans tout cela ? Et l’amour ? J’aime revenir sur le thème clé de mes romans : choisissons-nous de tomber en amour ? Inconsciemment, peut-être que oui mais consciemment le désir qui pousse une personne vers une autre est lié à des phénomènes psychiques forts complexes. Un homme sera attiré soit par une femme à l’opposé de la sienne par envie de changement, par une femme lui envoyant des signaux liés à une complicité et une ouverture possible sexuellement parlant. Une femme pourra à l’inverse recherchera souvent l’image du père, de l’homme d’expérience comme c’est le cas d’Adelyse mon héroïne, ou simplement elle aimera sans raison. Au final, est-ce si important ? Mes héros osent avouer leur désir mais combien d’entre vous qui me lirez, oseront vraiment avouer leurs flammes à l’élu(e) de leur coeur ? Dire son amour est synonyme de vulnérabilité. Qui a envie d’ouvrir une faille ?