Je suis de plus en plus étonnée face au nombre croissant d’auteurs autoédités et heureux de l’être ! Il y a tout juste six ans, l’autoédion était pointée du doigt comme un mal à éviter à tout prix ! Aujourd’hui, on peut croiser des auteurs ayant fait un petit passage vers de grandes éditions comme Seuil, Albin ou Grasset que l’on retrouve dans l’autoédition, souvent celle que j’appelle « de luxe » où l’auteur va s’apparenter à un éditeur en créant son propre label, en clair une mini-édition où il sera le seul auteur.
En fait, si vous n’y prêtez garde, vous ne saurez même pas que c’est de l’autoédition.
Moi même, j’ai découvert cette nouvelle vague totalement par hasard en discutant avec un auteur dont le nom de l’éditeur m’était inconnu. Normal puisque c’était son propre label.
Je sais que l’autoédition est critiquée par beaucoup et je ne fais nullement cet article pour prendre position, juste pour informer comme je l’ai toujours fait.
Pourquoi ces auteurs sont-ils si heureux alors que tant d’autres ne rêvent que d’une maison d’édition ?
D’abord pour une question de liberté ! C’est extrêmement à la mode la liberté ! Écrire ce que l’on veut quand on veut … ce dernier point est important quand on voit que les délais de publication dans une ME sont de plus en plus longs. Hormis si on,est certain de cartonner avec un best-seller, quel auteur sera content de voir son manuscrit prendre la poussière ? C’est décourageant, cela coupe même l’envie d’écrire ! Ce que veut un auteur, c’est être lu un minimum même si ce minimum comme me disait dernièrement un autre auteur était de mettre son numérique à 0,99 €.
Un auteur qui n’écrit qu’un manuscrit tous les deux ans ne sera pas exigeant, souvent prêt à attendre, tandis qu’un autre très prolifique ira à la chasse aux éditions peu importe lesquelles.
J’en profite pour redire que beaucoup d’éditeurs jouent d’une clause dans les contrat « la loi de préférence ».Ce droit est limité pour chaque genre à cinq ouvrages nouveaux à compter du jour de la signature du contrat d’édition conclu pour la première œuvre ou à la production de l’auteur réalisée dans un délai de cinq années à compter du même jour.
Ce qui signifie que si vous avez publié le premier tome d’une série en 2015 par exemple, que vous changez de personnages et voulez changer d’éditeur ou de type de publication, que vous en êtes à votre septième ouvrage, vous pouvez le faire même si votre éditeur a refait un cycle de cinq ans à partir de votre sixième livre. La société des lettres est catégorique sur ce point. Après ( ce n’est que mon avis) une même série devrait être publiée chez un même éditeur, par contre un nouveau roman sans lien avec la série ( même si c’est dans la même catégorie littéraire) ne devrait pas être figé par une édition.
Je m’éloigne un peu du sujet allez-vous me dire, et bien pas nécessairement parce que cette vague d’autoéditions d’auteurs qui ne sont pas des novices n’est pas sans lien avec les délais de plus en plus longs proposés par les ME, sachant que théoriquement un droit de préférence implique la signature d’un contrat dans les trois mois après réception sinon l’auteur peut considérer la non réponse comme un refus.
Dernier point : le côté financier qui est fortement applaudi par les autoédités.
Nous l’avons vu dans un précédent article que la plupart des éditeurs ont la tête sous l’eau, que les taxes sont trop lourdes en particulier le système de distribution, que le calcul des droits d’auteurs est souvent bien compliqué à cause de géant comme Amazon, que certaines éditions ne paient pas régulièrement leurs DA même chez les très grands éditeurs. On comprend aisément que de nombreux auteurs se tournent vers l’autoédition ou l’édition à échelle humaine.
Un autre point a été soulevé par les auteurs qui ont témoigné : l’absence de compteurs dans les éditions dites classiques, un élément extrêmement frustrant pour beaucoup.
Dans l’autoédition, Kobo ou Amazon ont un compteur consultable à tout moment, tout comme dans les éditions alternatives comme Edilivre ou les éditions similaires, mais chez une édition standard, il n’en est rien. L’éditeur fournit en général un relevé de compte par an, souvent soumis aux aléas des retours des libraires, des numériques etc…
Un sondage dans un magazine littéraire montrait dernièrement que 78% des auteurs étaient frustrés de ce manque de transparence, non comme on pourrait le penser pour une question financière, mais simplement pour une reconnaissance personnelle. Comment avoir envie de continuer à produire des livres si on ne sait pas si le livre se vend ?
En conclusion, je terminerai juste par une certitude, il y a des auteurs heureux en autoédition, bien plus qu’on le croit, et sans être voyante, je suis prête à parier que ce phénomène prendra de plus en plus d’ampleur car il faut bien le reconnaître, de plus en plus de livres autoédités sont de qualité, bien écrits, avec de très bonnes idées, et souvent bien moins chers. Ils n’inondent pas les grandes enseignes, c’est vrai, mais malheureusement c’est également le cas pour de nombreux romans issus d’éditions standards.
Au final, laissons le choix à chacun de faire sa route sans critiquer injustement, car au final l’important n’est-il pas de voir des auteurs heureux tout simplement ? Et au passage des livres lus bien évidemment !:)