La difficulté d’être auteur. J’aime beaucoup jouer l’avocat du Diable afin de secouer un peu les mentalités ou les à priori tenaces qui se véhiculent dans ce milieu.
Tout d’abord, à notre époque tout le monde peut écrire et c’est une bonne chose, car on sait scientifiquement parlant que l’écriture est libératrice. Seulement écrire ne veut pas dire être connu, et là on se heurte souvent à un mur.
J’aime à raconter une anecdote concernant une personne que j’ai connue, qui avait en tête un sujet « du tonnerre » et a lâché un travail en or, obligeant sa femme à faire des heures supplémentaires, pour se consacrer à l’écriture de ce futur best-seller durant deux ans. À l’issue de ces deux ans, l’envoi aux éditions fut un échec total, petites ou grandes, à tel point que le livre a fini sur une plateforme assimilée autoédition et ne s’est presque pas vendu ! Le mec a perdu ses rêves et sa femme, qui est partie ne supportant plus cet « écrivain » aigri.
Si je vous raconte cela, c’est que son livre n’était ni plus mauvais qu’un autre, ni meilleur, juste « bon » et de bons romans, il y en a des milliers ! Il est facile d’écrire un livre, il est bien plus compliqué d’être lu.
De nos jours, on a « la chance » de voir fleurir des dizaines de maisons d’édition dont l’objectif n’est pas de faire un best-seller mais une vitrine de ventes. Résultat, les éditions vendent du rêve en boîte, et rares sont les auteurs qui voient leurs ventes décoller, et donc on assiste à un panel d’auteurs aigris. Sur un forum, j’ai lu cet été le témoignage d’une auteure disant vendre plus de trois mille livres papiers par semestre dans une petite édition. Je n’avais jamais entendu parler de son livre, mais bon, cela semble exister, mais il faut le reconnaître, c’est extrêmement rare ! La plupart des auteurs en maison d’édition ( autres que les écrivains de renom) sont souvent obligés de faire une partie de leur communication, publicité, et mettre la main à la poche pour les salons. J’en profite pour rajouter que l’acceptation dans une « grosse » édition ne conduit pas nécessairement au succès, car ces éditions misent sur les gros, très gros et certainement pas sur un petit nouveau. De plus, ces éditions publient de plus en plus de succès étrangers ( nordiques, américains etc)
Est-ce normal de tant galèrer ? Je dis non ! Un auteur ne devrait pas dépenser un centime pour faire connaître son livre, tout comme il ne devrait pas sortir de l’argent pour se faire éditer. Je suis intransigeante là-dessus, car cela reviendrait sinon à dire encore que la culture ne peut-être véhiculer que par les riches ! C’est pour moi un non-sens, seulement voilà, sans argent, pas de communication !
Combien de maisons d’édition peut envoyer à des chroniqueurs des SP, ça coûte une blinde ! Faire des concours pour attirer le lecture, cela finit par revenir cher ! Combien d’entre vous, amis auteurs, ont eu la chance d’avoir l’éditeur qui s’investit pleinement à 500% ? Qui fait les démarches pour les interviews, les plateaux télés, qui inscrit aux salons ?
Cela existe, mais c’est très rare.
Résultat, votre livre ne peut et ne pourra jamais sortir du lot, sauf si vous avez les moyens de vous inscrire à des concours littéraires ( souvent hors de prix) d’avoir le temps, le culot, le punch d’aller taper aux portes pour vendre. Là, vous n’êtes plus à la recherche, comme me glissait dernièrement un auteur, du lecteur, mais du client !
Et on passe du plaisir au marketing !
Horreur ! Malheur !
On comprend pourquoi de plus en plus d’auteurs se tournent vers l’autoédition ou assimilée puisque c’est gratuit avec une liberté que beaucoup d’auteurs en maison d’édition envient.
Seulement le problème reste le même. La difficulté n’étant pas de faire le livre mais d’avoir ensuite des lecteurs (j’insiste sur ce mot ne supportant pas que le plaisir d’écrire se mélange avec un business financier)
Et là toujours le même mur ! Infranchissable ? Peut-être pas, mais difficile à surmonter.
L’après-écriture, que ce soit dans une édition classique ou en AE n’est pas facile.
Comment s’en sortir sans se décourager totalement ?
Savoir pourquoi on écrit.
Si on veut gagner de l’argent, il ne faut surtout pas se cantonner au même genre littéraire et produire un maximum de manuscrits. Prenons l’exemple d’Harlequin dont j’avais rencontré plusieurs auteures au salon de Paris il y a quelques années. L’une d’elles me disait toucher l’équivalent d’un bon salaire de fonctionnaire mensuel contre un livre tous les deux mois. C’est un choix d’écriture, car il est évident qu’ensuite bien difficile de quitter cette étiquette. N’oublions pas que les romances Harlequin sont parmi les livres les plus vendus au monde. Il faut également arriver à écrire ce genre. Je n’y arrive pas.
Pareillement en autoédition, une auteure de polars sort un polar tous les trimestres depuis plusieurs années et gagne ainsi de quoi vivre. Il est évident que pour avoir lu un de ces livres, le travail reste superficiel, mais si le but est financier, l’auteure a atteint son objectif.
Donc il y a des possibilités !
Ensuite si on vise plutôt les lecteurs ( ce qui est mon cas), déjà je le redis, ne pas investir un centime dans le livre ( sauf une couverture si on est certain de récupérer son investissement). Ensuite varier les supports éditoriaux, les genres littéraires, se faire un lectorat. Ne pas inonder les réseaux sociaux de publicité ce qui est contre-productif, préférer une page où poster les retours de chroniques etc régulièrement.
Je l’ai testée et reste avec une moyenne de cinq cents lecteurs-ventes fiables ( en particulier les livres qui ne sont pas en ME). Je suis une feignante, donc je n’en demande pas plus ! Au bout de 7 ans, mes livres sont presque tous dans plusieurs médiathèques, et là mon nombre de lecteurs s’envolent. Dernièrement, j’ai lu dans un compte-rendu de bibliothèque que Rouge restait leur coup de coeur depuis fin 2013 avec plus de deux mille lecteurs danx cette médiathèque et ce n’est pas la seule ! Comme quoi … même si cela ne m’a pas rapporté gros, cela me rend heureuse. Et ma paresse est sauvée
Ensuite échanger, communiquer, sympathiser … un livre n’est pas un morceau de viande, il a une « âme ». Certains choisissent les salons, ce n’est pas mon cas, je suis paresseuse ! Je préfère prendre un thé avec des contacts et ainsi faire connaître mes livre et cela marche aussi ! Chacun doit « sentir » ce qui lui convient !
Et surtout, surtout, ne jamais se prendre au sérieux ! Un livre est fait pour donner du bonheur ! Pour moi, il n’y a pas de mauvais livres, juste des livres avec lesquels on n’a pas accroché. Un coup de coeur pour les uns ne le sera pas pour les autres.
Mon article est un peu fouillis, je m’en excuse, mais j’espère qu’il aidera ceux qui sont découragés. Il n’y a pas de honte à l’être, l’important est de ne pas le rester trop longtemps !
Bon courage à toutes les plumes !