La mémoire du corps ne parle pas souvent aux médecins, et pourtant ! Chaque année, à l’époque où on m’a diagnostiquée Hashimoto, je fais une thyroïdite, qui ne s’attarde pas, mais tout de même. Une adhérente me confiait avoir elle, mal à la thyroïde à une date précise, celle de son ablation totale. Étonnant vu qu’elle n’a plus de thyroïde. On connaissait des cas identiques lors des amputations. Alors peu importe le « pourquoi scientifique », l’important est de savoir qu’une thyroïde qui se dérègle sur le temps ou qui n’est plus, pourra voir une réminiscence des souvenirs.
« Une atteinte de la thyroïde, ce n’est rien ! » Combien de malades l’ont entendu cette phrase. « Un comprimé et votre vie sera normale ». Comme si c’était si facile !
Devons-nous rappeler que la thyroïde, glande souvent ignorée par la plupart des gens, est le chef d’orchestre du corps. Sans elle, rien ne va plus ! Tout va marcher à l’envers, et même si le comprimé magique dont parle les toubibs sera efficace, rien ne sera jamais plus comme avant. Cette affirmation a pourtant des variations liées à l’âge. Plus on est jeune, et plus on a de chance de retrouver une normalité. C’est le cas pour toutes les pathologies. Plus on prend des années et plus la fatigue sera importante et invalidante. De même tout dépend de l’impact de la maladie : une hypothyroïdie faisant suite à une grossesse aura plus de chance de se régler vite qu’un dysfonctionnement faisant suite à un choc émotionnel. On comprend dans ce second cas l’importance de la mémoire du corps.
Faut-il pour autant renoncer à vivre ? Absolument pas, au contraire ! Il faut juste apprendre à vivre autrement. Bien cibler les périodes où la thyroïde se dérègle. Pour cela, je conseille un petit carnet, et on remarque vite d’années en années les symptômes qui reviennent. Vivre le plus « zen » possible ( certainement le plus compliqué dans notre société). Et apprendre à vivre autrement.
Avant, vous étiez une sportive de haut niveau, il va falloir du temps pour retrouver cette forme. Ne pas renoncer pour autant. Débuter « petit » avec des sports doux comme la marche ou le vélo, et cela malgré les douleurs musculaires. Mieux vaut peu que pas du tout.
Avant, vous aviez une taille de guêpe, là on sait que seulement 50% des personnes vont retrouver leur poids initial ( avec ou sans régime). Pour les autres, se faire aider par une diététicienne et perdre doucement ( oublier les régimes à base de protéines ou les jeûnes violents) Le corps a besoin de se retrouver. Là encore l’âge est important. Il est plus compliqué de perdre après la ménopause.
Avant, vous n’étiez jamais fatigué, c’était avant. Malheureusement, la fatigue peut continuer à surgir sans cogner à votre porte et du jour au lendemain. C’est un vrai calvaire. Vous vous couchez après avoir passé une journée d’enfer et le lendemain, c’est l’horreur, dès le lever, pas envie, pas motivé, épuisé, baillant toute la journée. C’est cela une thyroïde qui se dérègle. Contre cette fatigue, se reposer ! Ne pas avoir de scrupules à s’arrêter un jour ou deux, à refuser une sortie. Mieux vaut travailler en étant performant qu’en recevant des remarques acides.
Avant vous étiez imbattables aux jeux de mémoire, maintenant par moment, vous oubliez où sont vos clés qui sont rangés dans le frigo ! Sur ce poids, la majorité des malades ne voit ce symptôme que lorsque la thyroïde se dérègle de nouveau. Il est donc important de bien prendre garde à son apparition qui nécessite souvent une adaptation du traitement.
Oui, mais comment vivre avec ces prises de sang tous les trente-six du mois ? Que l’on se rassure ! Les PDS régulières ne se font que lorsque l’on débute une maladie, un peu pour rassurer. Nous avons eu une adhérente qui en faisait tous les quinze jours, et comme la TSH fluctue, elle était encore plus angoissée ! Alors, j’ai tendance à conseiller une prise de sang par an, sauf montée des symptômes. ( TSH et T4)
Le reste du temps, le corps va réagir à de nombreuses agressions comme les rhumes, une surcharge de travail, une dispute, une bonne nouvelle … inutile de courir faire un bilan sanguin ! Une thyroïde va se résorber en une quinzaine de jours. Si par contre la fatigue persiste, là, il faut vérifier.
Se libérer de ces maladies ( en particulier celles qui sont auto-immunes et à vie), c’est y penser le moins possible, et non comme un fardeau, mais un changement de vie. Quand on prend des cheveux blancs, on n’en fait pas un drame. Il faut essayer ( je dis bien essayer) de ne pas dramatiser, de rester ferme face aux critiques, car non, on n’est pas « hypocondriaque » car on a un dysfonctionnement thyroïdien, on n’est pas fou, on n’est pas volontairement fatigué. Que ceux qui doutent se mettent dans la peau d’un malade quelques jours ! Quitte à le rabâcher, il faut que les méfaits soient entendus par le monde médical et par les proches.
Pensons à la mémoire du corps et surtout vivons pleinement le reste du temps, car quand tout va bien, tout va super bien !
Bon courage les papillons
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