À l’époque des réseaux sociaux, envoyer un message est facile, pourtant la réponse est similaire à une bouteille à la mer. On attend, longtemps, souvent pour rien.
Petite, ma fille s’amusait à confectionner des bouteilles qu’elle décorait insérant de beaux dessins, puis elle les déposait en bord de mer. Quelle joie nous avions de voir les vagues les emporter, loin très loin. C’était magique. Adulte, je continue chaque été à scruter la mer, m’imaginant trouver une bouteille contenant un message empreint d’émotions, tout comme Marianne Winkler, cette employée de poste à la retraite vivant en Allemagne, qui a trouvé le plus vieux message au monde, ayant fendu les flots pendant 108 ans et 138 jours. Ces messages inconnus nous ravissent, car ils nous plongent dans un rêve, particulièrement à cette époque où le commun des mortels reste centré sur sa petite vie, par faute de temps, par faute d’envie.
Seules les plumes comme nous arpentent les réseaux sociaux dans l’espoir de lancer des idées afin de les véhiculer, parfois des messages cachés ponctués d’un petit goût de mystère ou juste des mots d’amour que l’on voudrait partager. Nous aimerions que nos mots tel Cupidon touche l’autre en plein coeur afin de tisser un fil invisible, secret, mais tellement vrai. Parfois nous nous contentons simplement de croire en un projet complètement fou, des touches à distiller avec parcimonie juste pour le plaisir d’exister.
Écrire un manuscrit est une façon de jeter une bouteille à la mer, d’oser poser des mots que nous avions envie de dire, et que notre voix ne pouvait pas porter. Certains visages troublent bien au-delà des gestes, des caresses, sont là intouchables, impalpables, et pourtant si vivants. Lancer une bouteille, c’est espérer atteindre les silences, faire tournoyer les étoiles.
Ces derniers jours, ayant repris mes droits pour 5 Secondes, je me noie dans cette sensation, dessinant de nouvelles phrases écrites du bout de mon âme. Je ne change pas l’histoire, je sais qu’elle a beaucoup plue, mais quelques mots parfois font toutes- la différence. Vous avez été si nombreux à me pousser à reprendre ce livre qui était resté bloqué dans cette édition que je vous devais bien cela. Nouveau titre, nouvelle quatrième, nouvelle couverture, nouveaux mots.
J’espère que ce petit roman saura toucher, émouvoir, peut-être, pourquoi pas, tout changer. Il y a toujours des choses à changer. J’aimerais surtout que ceux qui aiment lire entre les signes le découvre. Il est pour eux, pour toi, pour vous.
J’aime la musique comme vous le savez, et tout en noircissant ces pages, j’ai découvert la chanson de Bigflo-oli « C’est dommage », qui s’harmonisait totalement avec le thème même de ce manuscrit. Un vrai coup de coeur pour la philosophie de ce clip montrant qu’il ne fallait pas rater ces quelques secondes qui peuvent faire pencher la balance de la vie.
Envoyer ces bouteilles à la mer, c’est cela, s’autoriser à tout tenter, même ce qui semble impossible, même si c’est fou, même si c’est voué à l’échec, peu importe, faire savoir ce que l’on ressent afin d’accepter de vivre avec des remords sans conserver de regrets, parce qu’au final dans une vie, quand on croit en quelque chose, quand on a un projet qui nous tient à coeur, quand on a toujours des sentiments pour quelqu’un, il faut surtout ne jamais regretter d’avoir au moins essayé. Parce que même si on a raté une seconde, il y en a encore des milliers à vivre, alors pourquoi pas ?