Qui peut juger d’un handicap ?
Par hasard, je suis tombée hier sur cette image circulant sur les réseaux sociaux accompagnée de témoignages de personnes atteintes de maladies invisibles.
Qui peut juger qu’une personne souffre d’un handicap ? Je pense à l’enfant d’un ami souffrant de maladie de Crohn. Nul n’irait le considérer comme handicapé car c’est un gamin magnifique et plein de vie, pourtant lors de ses crises, il se retrouve diminué, affaibli, en souffrance. Imaginons que ce dérapage lui arrive lors d’un examen ? Il sera sanctionné comme les autres et pourtant … Notre société manque d’empathie et court vers sa chute. Les handicaps vraiment reconnus dont ceux liés au physique parce qu’il faut rentrer dans un moule et si on n’y rentre pas, on ne pourra en aucun cas réussir professionnellement. Balivernes. ! Je connais des personnes en fauteuil bien moins en souffrance que certaines souffrant de maladies orphelines ou chroniques. Fichue société basée sur le « paraître », ciblée uniquement sur ce qui peut déranger. Ne sera pas considérée comme handicapée une victime du lupus, maladie sournoise touchant parfois la malade en profondeur. Et je ne parle pas des personnes ne pouvant maîtriser leur poids ou dont les hormones sont déréglées jusqu’à causer des dégâts irréversibles. Maladies invisibles donc non préoccupantes. Combien de médecins-conseil s’intéressent à ces maladies cachées ? Combien s’interrogent sur une femme victime d’une grave pelade obligée de porter une perruque et de ce fait du retentissement psychologique que cela provoque ? Je serai curieuse de le savoir, une chose est certaine, dans mon corps professionnel, la situation est encore pire. Nous n’avons jamais un seul contact avec un médecin officiel durant toute notre carrière, personne ne vient nous demander pourquoi la plupart d’entre nous sont tellement au bord de la déprime. Les statistiques sont terribles. 65% des enseignants sont dépressifs. 75% développent au cours de leur carrière une maladie grave et seulement 68% vont jusqu’à la retraite en bonne santé et quand je dis en bonne santé, devrais-je dire » vivant ». Alarmant ! J’oubliais de dire qu seulement trente personnes par département peuvent obtenir le statut d’handicap même à temps partiel. Je suis outrée de cette indifférence générale, outrée de ces médecins ( trop nombreux ) dénués d’empathie, jugeant dédaigneusement en dehors de leur cabinet, les autres maladies juste sur de vagues souvenirs de leurs années d’étude.
Toute ma vie pourtant, j’ai fait confiance à la médecine, sans hésitation, croyant fermement au côté humain. J’ai rencontré de merveilleux médecins et de vrais cons. Je pense surtout à ceux qui s’octroient un droit de jugement sur des personnes qui ne sont pas leur malades se basant juste sur un simple ressenti n’ayant rien de médical et sortant leur savoir pour briser et détruire. J’en appelle à la jeune, misant avec espoir sur tous les jeunes qui aujourd’hui prononcent leur serment. Surtout, jeunes docteurs, n’oubliez jamais les handicaps invisibles qui peuvent détruire des vies, des couples, des familles. Soyons avant d’être un professionnel pur, un être humain à l’écoute tout simplement. Tous les malades ont besoin de vous.