Il y a un an c’était Samuel, dernièrement encore une femme enseignante agressée par des élèves, filmée, avec ensuite la video sur les réseaux sociaux. Et ce n’est que le haut de l’iceberg. Mais que devient notre école ?
Je ne ferai pas la polémique des portables dans les lycées, ce n’est pas le vrai problème, j’ai juste envie de parler d’avant, de l’époque où l’école était un lieu protégé, presque un sanctuaire. Enfant, nous y allions sereinement, pareil pour le collège ou le lycée. Lorsque je suis devenue enseignante, l’école était très calme, bienveillante. Et puis, elle s’est ouverte aux parents, leur donnant petit à petit le pouvoir. Ce pouvoir a rebondi sur les élèves. Des parents défendant leur progéniture infernale coûte que coûte allant jusqu’à porter plainte pour un oui ou pour un non, des gosses crachant sur leurs géniteurs, puis sur les enseignants. J’ai travaillé plus de vingt-sept ans à l’éducation nationale, et j’ai vu « mon » école se dégrader jusqu’à devenir ce qu’elle est aujourd’hui. Je ne suis pas surprise du constat actuel. À force de donner le pouvoir aux enfants « pour leur bien-être », nous allons perdre cette valeur indispensable, une bonne instruction, nous allons faire de nos écoles un endroit où il ne fera plus bon d’y vivre. Oui, j’ai bien dit vivre, car un enfant passe souvent plus de temps avec son enseignant qu’avec ses parents, il y vit autant qu’il y apprend. J’ai pourtant connu des classes « cocooning », où on était bien, où on pouvait enseigner, rire avec les élèves, où on ne se faisait pas insulter, avec des parents sympas. Si, si, cela a vraiment existé. Et même si cela va décevoir certains, cette violence n’est pas liée globalement « aux origines », ni à un type d’enfant, mais à un nouveau regard sur le corps enseignant, un dédain de cette profession, un manque de soutien d’une hiérarchie sans empathie.
Alors il faut redire encore et encore stop, stop aux violences envers les enseignants, stop aux violences tout court. Notre jeunesse a besoin d’apprendre en paix, dans une atmosphère positive, et gardons les yeux ouverts, à force de s’en prendre aux enseignants, l’éducation nationale va avoir bien du mal à garder les bons et à recruter !
Une société sans enseignement, c’est une société qui va créer des générations de crétins ! Mais peut-être est-ce le but car plus facile à manipuler ?
