Comment se reconstruire après un drame ?
Vous êtes nombreux à me poser cette question. Comment peut-on se reconstruire après un drame ? Déjà, on survit ! Ensuite, on tâtonne pour sortir la tête de l’eau. Je n’ai aucune recette miracle à vous proposer, juste des petites choses qui peuvent aider certains.
Il faut digérer le choc, car tout comme un plat trop gras, il faut laisser du temps au temps. Je ne crois pas ceux qui disent qu’ ils ont tourné la page en un claquement de doigts, tout comme ceux qui sont en pleine dépression, et qui vont super bien deux mois après. Je ne crois pas que l’on peut se reconstruire si vite, c’est une illusion. Un deuil, une rupture non désirée, un échec, il faut l’accepter.
Lorsque mon fils est décédé, il y aura bientôt trente ans, j’ai passé plusieurs semaines à attendre qu’il franchisse la porte du séjour avec son nounours arc-en-ciel à la main. Il m’a fallu changer d’endroit, déménager, pour m’autoriser à effacer cette image, qui s’est estompée au fil des années, mais qui ne s’effacera jamais.
Se reconstruire, c’est déjà cesser de se poser en victime. Nous n’avons pas choisi de perdre un proche, mais nous pouvons choisir de ne pas mourir avec. Nous n’avons pas voulu perdre cette amie ou cet amoureux, mais c’est ainsi. Repenser sans cesse à cet échec nous tire vers le bas. Il faut accepter de mettre une fin à toute chose même si cela fait mal.
Un drame nous oblige à changer notre vision de la vie, nous poussant ainsi à sortir de notre zone de confort. Nous ne vivons que ce que nous sommes capables de supporter, et à nous de trouver notre propre équilibre. Je ne dis pas que c’est simple, ni rapide. Je suis la première à trébucher lorsque la vie m’agresse, comme si le passé n’était au final qu’une pierre à la cheville, une pierre qu’il faut simplement oublier, le plus possible.
Se reconstruire après un drame, c’est un peu comme prendre un bateau, il faut d’abord le nettoyer, puis le peindre, être certain de sa fiabilité, puis le mettre à l’eau. Tester doucement sa stabilité sans brûler les étapes, s’autoriser à hésiter, se donner le droit parfois à la colère, tout envoyer valser à un moment, puis revenir, recommencer, encore et encore.
La vie reste un grand théâtre où se jouent de nombreux drames. Nous pouvons tous reconstruire nos vies, il faut juste accepter une réalité, un seul fait parfois insignifiant peut tout changer.
Reconstruire autrement, certainement, reconstruire pour avancer, oui, pour faire du bien aux autres et à nous, oui. Un drame est parfois, même si c’est terrible à penser, qu’un passage obligé, loin d’être inutile.
Très beau texte… Perdre un être cher, c’est perdre ses repères tout ça. Ouais, tout est dit, il faut digérer ce qui se passe.